Archives pour la catégorie Tronches, bouilles, faces, portraits…

Eurydice…

animation eurydice soluto crayons dessin

Une femme rare, perdue de vue, lointaine, presque hautaine, promenait sa longue silhouette dans un mauvais lieu où l’art contemporain le plus vaniteux plastronnait sur les murs. Je l’attrapais d’un reproche. Nous devisâmes dans les nuées. Taquin je la contrariai, mutine elle me donna la réplique avec une élégance et un à-propos réjouissants.
Nous nous écrivîmes. Elle m’envoya des mails au-delà de ce qu’elle voulait dire. Je m’appliquais à lui répondre en deçà de mes désirs, pour ne pas l’effrayer mais l’inquiéter tout de même. Souvent elle me répondait en chinois comme si je pouvais l’entendre. J’écoutai mieux. Je me trompais : elle parlait en patois psychanalytique. Je pensais aux « Five Easy Pieces » de Rafelson. Entre deux lacaneries je glissais Tristan Corbière, Verlaine, Toulet, Aragon. Je disais Vélasquez, elle me répondait Fra Angelico. Un peu de visible, beaucoup d’invisible, le souci de l’effacement et nous faillîmes Merleau-Pontifier.
Le flou, le masque, le double, le regard qui ment, celui qui tue, l’identité comme un grand évidement, comme un grand évitement, son plaisir quand je joue, sa désolation quand je triche (« Ouille ! Souffle-t-elle, tu n’entends mes paroles qu’à contre-sens »), son impeccable distance, tout ce tissage et toutes ces mailles à part pour ne parler que de nous me la rendent précieuse.
Enthousiasme du ravissement : l’été et l’absence nous donnent un lustre. Noli me tangere.
Hélas l’esprit éclairé, parfois, baisse un peu l’abat-jour.
Comme Orphée il oublie les avertissements.

Exposition à la Galerie des Artistes, Paris 20ème…

 

Chers amis,

J’ai le plaisir de vous inviter au vernissage de mon exposition

Soluto Peintures & dessins

Qui aura lieu le 7 mai 2015 à 18h00 à la

Galerie des Artistes
20, rue Saint-Blaise 75020 Paris
Tel : 06 80 70 66 44

Métro Gambetta ou Porte de Bagnolet

L’exposition se poursuivra jusqu’au 7 juillets 2015

La Galerie des Artistes est présente sur Facebook

 

exposition paris portrait soluto huile peinture

Peintures, grands et petits formats…

 

exposition paris portrait soluto huile peinture

Et des dessins…

Trois autoportraits, Soluto…

La plupart du temps on ne se peint, ni ne se dessine, par narcissisme. On ne s’emploie que par commodité : de tous les modèles on est le plus docile, le plus disponible, le moins coûteux et le plus exigeant.
J’ai réalisé ces trois autoportraits ces derniers jours. J’avais pour documents une série de selfies pris hâtivement à l’hôpital, où je séjourne trop souvent ces temps-ci. Images grises, écrasées, prises au lit ou au fauteuil, dans lesquelles je tentais de scruter, entre deux visites d’infirmières, mon humeur et ma déconvenue à passer si souvent entre les mains des chirurgiens.
A partir de tous ces clichés j’avais le vague projet de peindre une huile.
Hélas ma mobilité entravée ne me permet pas d’aller à l’atelier. Pour me distraire de ma frustration je me suis rabattu sur ces images préparatoires. Je me suis exécuté au lavis d’encre de chine sur un papier luxueux, grainé, légèrement absorbant. Je me suis bien des fois déposé sur des supports moins nobles…
C’est un plaisir douteux que d’interroger avec tant d’insistance son regard, de vouloir rendre une peau qui se creuse et s’affaisse, des jouent qui piquent et qui râpent, de déboucher des ombres pour se fouiller, de se griser à plaisir pour mieux s’éclairer, de s’approcher de soi avec tant d’obstination.
Mais quand rien ne va on a les délectations qu’on peut…

autoportrait portrait soluto lavis encre de chineEncre de Chine, 30 cm x 15 cm, mars 2015

(cliquer sur les images pour les agrandir)

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Week-end à l’eau de couleur, Hardy décatie…

portrait soluto caroline aquarelle

Caroline, 11 cm x 15 cm, Aquarelle, 2015

 

portrait visages soluto aquarelle

Dessins assemblés, 6 cm x 11 cm à peu près chaque, 2015

 

portrait soluto francoise hardy aquarelle

Hardy chez Ruquier samedi soir, « Comment te dire adieu »

Sans doute pas comme ça… Tristesse infinie…

portrait francoise hardy soluto detail aquarelle

En cliquant sur cette image, exceptionnellement agrandie, on entrera dans l’aquarelle (pour ceux, évidemment, qui ne considère pas l’aquarelle comme une technique de coloriage…)

Le bar-tabac a éteint ses billards… Un homme, une femme… Juste une seule fois…

Oh non pas ce soir…

portrait soluto huile peintureHuile sur toile – 2015 – 46 cm x 33 cm

 

A fleur de toile, retranchée dans la trame, surprise, les doigts aux lèvres
Les cheveux roux brulés, l’orange aux joues, le regard violet
Appuyée sur les coudes, presque nue, le couvre-lit chenille sur les cuisses

Elle a froid, toute sa peau fraîchit.
Elle aime l’odeur de la térébenthine, grignote mes cerneaux de noix
Mastique avec application mes abricots secs et raconte l’art de barboter

A la barbe des vigiles fards, poudre et rouges à lèvres.
Elle et moi partageons le goût de la couleur.
Elle se propose d’aller pour moi voler des pinceaux.

Mais pas ce soir : à 18h30 elle a un baby-sitting.

 

Ailleurs je perds mon temps…

portrait soluto huile peinture

Huile sur toile 24 cm x 30 cm

Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps…