Archives pour la catégorie Textes divers…

Florent Bordot chante le Corona Song…

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On commet des vers, un musicien passe, pose quelques accords, vous demande s’il peut aller plus loin. Et vous envoie l’ovni quelques semaines plus tard.
Florent Bordot chante clair, il articule et interprète. C’est dire s’il est peu mainstream.
Vous, je ne sais pas, mais moi je vais surveiller sa page Soundcloud (clic). Il finira peut-être, en plus de ses propres compositions, par chanter Caussimon et Béranger, Mouloudji ou Sylvestre.
Merci encore de ce cadeau si surprenant Florent.
Bonne écoute à tous.

Corona song…

Sous le masque les tatillons
Tremblent, pestent. Ils ne rient plus.
La morsure du postillon
Qui les menace les exclut
De l’avenue silencieuse
De son flot entre parenthèses
Où l’herbe tendre, insoucieuse
Pousse, fleurit, reprend ses aises.

Ils ne bougent plus de chez eux
Sans leur gel hydro alcoolique
Certains anxieux sont nauséeux
Convaincus d’un mal diabolique.
L’attestation est dans leur poche
Précieuse comme un papyrus
Du passant frôlé ils décrochent
Croyant contourner le virus.

Quand ils sortent de leurs cocons
Tous ces claquemurés blafards
Au garde-à-vous sur les balcons
En rythme comme à la fanfare
Applaudissent. Il est temps.
Vingt heures pile. Ils manifestent
Et s’égosillent tant et tant.
N’allons pas croire qu’ils protestent.

Si jamais d’étonnants symptômes
Les conduisaient jusqu’à l’hosto
S’ils perdaient le goût des arômes
Et finissaient en végétaux
Vaincus aux éliminatoires
S’ils exhalaient leur dernier râle
Sous assistants respiratoires
Et gagnaient la mort sidérale

On verrait tous ces minuscules
Qui glorifient les infirmières
Par une claque ridicule
Implorer d’elles la lumière
Le souffle, un sourire, l’espoir.
Ils ne s’en souciaient pas naguère
Ils voyaient en elles des poires
Payées avec un lance-pierre

Qu’on pouvait congédier par vagues.
La dette, la dette, la dette
Leur chantait-on sur un air vague
Pour étouffer l’entourloupette.
Le peuple modelable et veule
Qu’un mot irrite, excite, enflamme
Et qui s’érige comme un seul
Au bout du rouleau les acclame.

Hélas il est bien temps. Rompues
Cassées, vidées elles s’en tapent
De vos concerts de morfondus.
Obstinément elles retapent
Vos poumons spongieux, décatis.
C’est le printemps la mort picore
Dans tous les rangs grands et petits
Savants, marchands, sages, pécores.

Politesse du désespoir
Où donc as-tu fichu le camp ?
Où sont les petits péremptoires
Les amuseurs inconséquents
Qui raillent le covid dix-neuf ?
On désengorge l’hôpital
La morgue est pleine comme un œuf
Au rire il porte un coup fatal.

Il a muselé les comiques
Rendu confus tous les experts
Qui grossissent des polémiques
Sur lesquelles les peurs prospèrent
Sera-ce l’azithromycine
Avec l’hydroxychloroquine
Qui renflouera les officines
Et tuera le mal qui nous mine ?

Pour ne pas devenir idiot
Et confiner paisiblement
J’ai coupé télé et radio.
Je soigne mes enivrements
Je pense à mes amours défuntes
Aux livres que je chéris tant
A Don Juan, à Des Esseintes
A Brassens et au fou chantant.

Sans doute est-il un peu trop tôt
Pour que je clamse et qu’on décrète
De poser sur d’humbles tréteaux
Mon cercueil comme à la sauvette
Mais si le virus qui décime
Me passe de vie à trépas
Je ne tomberai pas des cimes
Puisque je suis resté en bas.

Je dirai : j’ai pleuré, j’ai ri
Je n’ai pas su me distinguer.
Pour moi pas de dernier jury
J’irai vite et sans zigzaguer
Me dissoudre dans le néant.
Pas de soupirs ni de mots tristes
J’aurai vécu en fainéant
En imposteur, presque en artiste.

Soluto, le 30 mars 2020

Mes confins, poème…

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Fusain, feuille, mars 2020

Mes confins

Impossible de me coucher, de me reposer
Je lis, je dessine, je regarde des livres d’images
Je fais de courtes siestes n’importe quand
Je sens tous mes rythmes se chambouler
J’ai gagné un cran à ma ceinture
Les larmes me montent aux yeux à la moindre chanson
Je ne mets plus de chaussures
J’ai coupé la radio, rouvert des souvenirs de 1977
J’aimerais tant passer ma main sous une robe d’été

Le 23 mars 2020

Portrait en gris de Beigbeder…

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J’adore ma fatigue. Faire la grasse matinée. Ne pas réfléchir tout le temps. C’est agréable de dormir debout. Les problèmes glissent… Ce sont des amis, ils m’aiment, ils sont drôles. On s’amuse, c’est grave ?

Frédéric Beigbeder ; Oona et Salinger (2014)

A l’amie qui n’a manifestement pas compris mon dessin posté ailleurs et qui se réjouissait que j’aie réglé son compte (???) à Beigbeder j’ai répondu :

Vous me laissez sans voix mon amie. Je n’ai pas de ces dégoûts, ou de ces aversions que vous me prêtez. Est-ce en rapport avec cette sinistre vidéo qui circule actuellement sur certains réseaux ? Si c’est le cas permettez-moi de vous donner mon point de vue. L’ironie, l’ironie la plus crasse et la plus imbécile peut surgir au détour d’un repas arrosé — ou pas d’ailleurs. Certaines compagnies poussent à la surenchère. L’humour est une projection de la pensée. Et la pensée n’est pas droite, ni bienpensante, ni parfois très maligne. Ce n’est qu’une pensée, pas un geste, pas un délit, pas un abus, pas une morale, pas un tract ni un manifeste. Je redoute la police de la pensée. Sur les réseaux elle est partout. Elle se gave de tout. La foule, toujours irresponsable et sans surmoi, réclame sans fin on ne sait quelle vengeance. Je crois pour ma part qu’on doit s’en protéger. Un jour on jugera un individu sur ses fantasmes avant de le confondre sur ses actes. Je me demande ce que nous aurons gagné.

Et je maintiens que cet auteur vaut le détour. J’ai un faible pour Nouvelles sous ecstasy. Jetez-y un œil, vous m’en direz des nouvelles (justement). Bien à vous…

Soluto

 

Les cuisses crémeuses et les attaches fines (de Buscema à Klimt)…

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La pin-up que j’ai publiée hier c’était comme une envie de décalcomanie… Une fois finie j’y ai retrouvé l’influence de Chéret, de Buscema et de Raymond… On ne se méfie jamais assez de ses lectures d’enfance. Ce sont elles qui m’ont donné le goût d’un certain type de traits : un trait bandé, précis, incisif. Si ces heures passées à scruter les vignettes me revenaient d’un coup je crois que je pourrais de nouveau expérimenter le sentiment d’éternité.

Aujourd’hui ma pin-up ressemble plus à une viennoiserie… Parce que s’il y avait dans mon panthéon le puncheur Buscema (et Kirby et Romita), il y avait aussi Klimt et les anorexiques d’Egon qui m’en mettaient plein la vue…

Tout est bon pour se forger le goût. Les coups de poing au ventre ainsi que les délicatesses qui caressent l’œil.

J’aime le massif et le gracile, les cuisses crémeuses et les attaches fines.

Exposition prochaine à la Glacière…

Chers amis,

J’ai le plaisir de vous inviter au vernissage de mon exposition qui aura lieu

le vendredi 11 octobre à 18h00

à La Glacière

9 Rue Rollon, 76600 Le Havre

La galerie est ouverte jusqu’au 2 novembre les jeudis, vendredis, samedis de 15h00 à 19h00 et sur rendez-vous (06 87 39 89 03)

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Soluto s’expose en octobre et c’est La Glacière qui l’accueille.

Elle met à sa disposition son architecture atypique, ses trois niveaux, ses salles souterraines. L’artiste, séduit par le lieu, y présentera un ensemble d’huiles, d’acryliques et de dessins récents.

Soluto est un figuratif qui s’assume et qui revisite ses grandes catégories : le portrait, le paysage, le nu. Il s’inscrit dans l’élan de cette figuration contemporaine qui ne s’appuie plus seulement sur le motif mais qui interroge aussi, dans notre monde saturé d’images, la représentation de la réalité.

C’est à partir de photogrammes, de captures d’écran, de photographies vernaculaires détournées qu’il construit ses toiles. Si la photographie des débuts s’est évertuée à mimer la peinture c’est maintenant la peinture figurative la plus audacieuse qui, se jouant des codes et des frontières, se nourrit de la photographie.

Mais la peinture de Soluto n’oublie pas d’où elle vient. Dans ses œuvres il est moins question d’images que de lumière, de compositions, de touche, d’enveloppe, de matières, d’art et d’artifices.

Une femme nue, qui courait dans l’herbe, je l’attrape…

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Huile sur toile, 35 x 50 cm, mai 2018

Rôle

Dans l’antre
Entre tant et tant de nous
Le fil de soi
Se dénoue

Quand par l’autre assoiffé
Si doux si nu si ductile
La soie lactée filée
Déçoit

Que sa parure claire voie
D’habit labyrinthe
Bleu falot gris falaise
Cède

Notre foi est éreintée

Au refrain
L’armure dévissée
L’amour désossé
La poutre déportée
Nos feintes renforcées

Mai 2018

Une rousse et un poème noir…

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Huile sur toile, 30 x 40 cm, mai 2018

 

Surir en se décatissant

C’est moi qui vais surir en me décatissant
Je deviendrai bien aigre, et bien misanthrope
Pour me rembourser du temps que j’ai usé à fréquenter mes contemporains
Me claquemurer, tiens, ne plus l’ouvrir
Ne m’adresser qu’aux anges et aux quelques-uns, proches ou lointains, morts ou vivants, qui m’ont rendu fragile et vibrant.
J’en vagis d’avance.
Oui, bien seul, bien amer, dans ma boue de couleurs et de mots tordus
Je caresse le rêve de Léautaud, grincheux qui me débecte pourtant
Ne garder que des livres, des idées de tableaux, des mélodies tristes et sourdes, remuantes, des femmes câlines et salaces quand il faut
Ce que je me farcis, ce que je me condamne, ce que je me travaille pour supporter les platitudes quotidiennes, le tout-venant, le pipi de chat
Crever à coups de poing les sacs de plaintes, les rires de contenance
Vieillir sec, noueux, manger des fruits frais, déchirer des viandes bleues, regarder de mon balcon passer les cons, rester droit de la tête et du manche
Ce désir cocasse de remettre la chaine en maillons

Mai 2018

Clément Rosset, l’autre étage du magasin…

J’ai découvert Clément Rosset en écoutant des émissions de France Culture… C’était sur « A voix nue » et « Les vendredis de la philosophie » je crois. Bien avant les podcasts. J’enregistrais les rencontres avec Audacity. J’ai vite été charmé par sa voix, son souffle, sa diction, la distance qu’il imposait à ses interviewers, la singularité de son propos. Sa pensée, illustrée d’exemples, m’a beaucoup intéressé. Après l’avoir écouté et réécouté je me suis risqué à lire ses livres, pas si faciles quoique en disent certains, en tout cas pour moi qui suis sans doute bien sot. J’ai ruminé Le réel et son double. C’est en cheminant par affinités, d’auteurs en auteurs, que je suis arrivé jusqu’à Schiffter, dont j’aime tant les livres. Aujourd’hui ce dernier a publié un billet sur son blog. Je vous y renvoie.
On parle beaucoup aujourd’hui de philosophes et de philosophie. L’actualité les accapare. Elle n’intéressait pas Clément Rosset.
Lui, il travaillait « à un autre étage du magasin »

*Ce court texte est une reprise d’un billet que j’ai posté ce matin sur Facebook.