Archives pour la catégorie Peinture…

Oh non pas ce soir…

portrait soluto huile peintureHuile sur toile – 2015 – 46 cm x 33 cm

 

A fleur de toile, retranchée dans la trame, surprise, les doigts aux lèvres
Les cheveux roux brulés, l’orange aux joues, le regard violet
Appuyée sur les coudes, presque nue, le couvre-lit chenille sur les cuisses

Elle a froid, toute sa peau fraîchit.
Elle aime l’odeur de la térébenthine, grignote mes cerneaux de noix
Mastique avec application mes abricots secs et raconte l’art de barboter

A la barbe des vigiles fards, poudre et rouges à lèvres.
Elle et moi partageons le goût de la couleur.
Elle se propose d’aller pour moi voler des pinceaux.

Mais pas ce soir : à 18h30 elle a un baby-sitting.

 

Ce que c’est qu’un portrait ressemblant…

portrait soluto huile peinture

Terre de Sienne brûlée, bleu de cæruleum, jaune de Naples clair, blanc de zinc…
Dans le double godet à palette je verse à gauche une cuiller d’essence et à droite une lichée de sauce maison. J’ordonne les masses, vite, et je place d’emblée les yeux sous le grand front. Je pose les ombres, d’abord les ombres. Grises, bleues, froides pour ne pas peser. Je ne soigne pas ma touche et frotte le pinceau le moins docile sur la toile qu’un premier coup de chiffon, chargé de titane et de brun, a graissé. Je brosse maigre dans le grain serré du lin. La pensée suspendue, je laisse ma main, mon œil, forcer des correspondances intimes, secrètes.
Je me confie, sans y croire, au hasard.
Je vois comme au spectacle le portrait qui émerge et s’installe face à moi. Je cille souvent devant celui qui durcit peu à peu son regard.
D’ordinaire je lutte d’abandon pour saisir une ressemblance. Je m’acharne tendrement, par des biais, des astuces, des calculs, à retrouver un air familier. C’est toujours de peu que je rate l’impeccable. Pour ne rien boucher, pour ne pas salir, pour ne pas gâcher je me convaincs de suspendre le geste. L’outil plonge dans son pincelier avant la fin.
Pour ce portrait rien de tel puisque je ne m’étais assigné aucune tâche de ce genre. Ne rien conquérir, peindre pour peindre, non pour dépeindre mais pour se déprendre. Vacance de l’âme à l’atelier. Plaisir du chant des couleurs.
Pourtant, pendant la minute de relâche, j’ai vu apparaître à travers la vapeur d’une tasse de thé brûlant le portrait de mon père enfant. Mon regard en a été immédiatement modifié. Je n’ai plus pu considérer pour eux-mêmes les artifices, tons, valeurs, masses, mis en œuvre. Cette ressemblance frappait obstinément à la toile, s’y invitait, s’imposait fermement, brouillant le pur travail de peinture auquel j’avais cru m’adonner.

Je me revois enfant, allongé sur mon cosy-corner, tournant les pages d’un album en maroquin. Réminiscences photographiques… Là, mon père est contre un mur, sérieux, le cheveu blond cranté, le regard clair, en habits de dimanche, veste droite et culotte courte. Il a sept ans, huit ans tout au plus. Plus loin il est avec ses sœurs qu’il dépasse de deux têtes. Derrière eux on voit des piquets de clôture couchés, un herbage, une ânesse et ma grand-mère avec un seau. Ailleurs il tremble sur un gros cheval de labour monté à cru. Il se cramponne aux crins le temps de la photo.
Partout le même regard pénétrant, le même sérieux, la même présence déposée malgré moi sur la toile.
Par je ne sais quelle fantaisie inconsciente, proche de l’acte manqué sans doute, je l’ai convié à l’atelier. Il est pris dans les mâchoires du chevalet. Ses yeux gris-bleus plongent dans les miens, m’examinent prudemment. Nous voilà nez à nez.

Ceux qu’on porte sont prompts à surgir malgré nous. Souvent ils parlent par notre bouche, se glissent dans nos gestes, se mélangent à nous. Nous ne reculons devant rien pour qu’ils manifestent leur ubiquité ou pour qu’ils se survivent.
Et c’est en méconnaissance de cause qu’ils se ressemblent si bien.

Michel Houellebecq, l’oscillation de la souffrance à l’ennui…

Michel Houellebecq soluto huile peintureHuile sur panneau, 40 cm x 40 cm, 2014

J’ai voulu peindre Michel Houellebecq dans une gamme de gris colorés, ni trop chauds, ni trop froids, oscillant du violet minéral au vert sourd. J’ai chassé le blanc de titane de ma palette et abaissé par le jaune de Naples toutes les lumières franches afin qu’elles ne soient pas trop crues.
Le gris est la couleur de la désillusion, de la nuance. Ses inflexions, tantôt roses, tantôt mauves, tantôt bleus, chantent les regrets, la nostalgie, l’ennui, l’ironie parfois. Sans lui l’éclat n’existe pas, il n’est que bruit, fracas, éblouissement et il manque d’assise.
Je désirais rester dans la gamme des sentiments mélancoliques que les poèmes et les romans de ce grand auteur contemporain m’inspirent.

De l’incidence probable du charme des penseurs tristes sur les papiers peints des dimanches pluvieux…

Soluto Schiffter Quevauvillers charme penseurs tristes peinture dessin

Acrylique sur papier  21 cm x 29,7 cm  septembre 2013

Soluto Schiffter Quevauvillers charme penseurs tristes peinture dessin

Détail du papier ci-dessus…

Le charme des penseurs tristes de Schiffter

Mise à jour du site Soluto

(nouveaux dessins, tableaux inédits dans la rubrique Peintures… Bonne visite)

Cette pièce, ainsi que les deux précédentes publiées sur ce blog, seront proposées à la vente.

En voici l’affiche et la liste des participants.

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