Jackie Berroyer, portrait d’écrivain…

Jackie Berroyer, graphite, dessin, fusain, board, grey, body, soluto peintureFusain sur papier, 21 cm x 29,7 cm, juillet 2021

Dans les années 70, adolescent, j’usais mes cinq francs d’argent de poche hebdomadaires à l’achat de Charlie-Hebdo. Je me jetais sur les bandes brouillonnes et tremblées de l’immense Reiser, je lisais avec trop de sérieux Cavanna et je négligeais Wolinski dont il me semblait avoir percé le système. J’aimais passionnément les dessins de Cabu dont le sens de la caricature, à l’égal de Daumier, m’époustouflait.
Peu à peu je prêtais attention à un type qui parlait de musique et composait des récits courts avec un sens du rythme et de la chute épatant. Ses histoires de boulangères, de copains pas très fins, de mobylettes me donnaient à penser que nous avions du quotidien en commun. Berroyer me faisait rigoler.
Dès sa parution j’ai acheté « J’ai beaucoup souffert ». Je l’ai rapidement su presque par cœur. Facile, je connaissais tous les personnages, tout s’y passait comme dans mes alentours. On se serait cru à Saint-Étienne-du-Rouvray ou à Grand-Quevilly. La littérature, mine de rien, se rapprochait de moi pour de bon.
Un soir que je vernissais quelques toiles à Paris, à la fin des années 80, sous le nom, à l’époque, de Quevauvillers, je l’avais invité. J’avais soigné mon courrier, multiplié les private joke, et bien montré à quel point sa fantaisie et sa justesse me touchaient. Il était venu avec un ami, nous avions bavardé une heure.
Comme j’étais content.
Cet épisode se déroulait bien avant qu’il montrât sa bobine sur les écrans, petits ou grands. Bien sûr je continuai ensuite de le surveiller de loin mais ses livres suivants m’accrochèrent moins ; sitôt lus, sitôt rangés. Sa notoriété grandissait. Il me déplaisait peut-être de devoir le partager avec le tout-venant et les balourds. Je le négligeai, ne le fréquentant plus qu’au hasard de ses prestations médiatiques.
À sa sortie j’ai lu « La femme de Berroyer est plus belle que toi, connasse ! »
Ce thriller sentimentalo-philosophique m’a mouché. C’est un chef d’œuvre doublé d’une caresse pour l’intelligence.
Traversez l’acteur, le fantaisiste, le mélomane, le dilettante et le touche-à-tout. Poussez jusqu’à l’écrivain.
Avec moi attendez son prochain roman.

2 réflexions au sujet de « Jackie Berroyer, portrait d’écrivain… »

    1. soluto Auteur de l’article

      On ne peut tout lire chère Célestine… Si vous vous y risquez commencez par « La femme de Berroyer… » au Dilettante et donnez m’en à l’occasion des nouvelles… J’espère que l’été, pour vous, se passe bien… À tout bientôt!

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