Crayon bleu sur papier, 21 cm x 21 cm, juillet 2021
Je me souviens de Michel Tournier, de ses prestations à la télévision, de ses yeux rieurs, de son sérieux brutalement retrouvé, de ses enthousiasmes un tantinet exagérés. J’étais adolescent. Je n’ai sans doute rien compris, lors de ma première lecture, au sous-texte philosophique des Limbes du Pacifique. Et encore moins à celui du Roi des Aulnes. Je ne voyais que le romancier. Pourtant je sentais bien, malgré leur luxuriance, le caractère contraint de ses livres, sa volonté de démontrer en montrant, tout son labeur pour encastrer les images et les idées dans des blocs homogènes, bien cirés et sans écharde.
Mais il m’embarquait, me distrayait, m’inquiétait, m’instruisait avec science, avec style, avec souffle. J’aime qu’on instille le trouble et qu’on glisse avec à propos, c’est-à-dire sans affectation, des mots rares.
Avec Tournier, qui ne va pas tarder à gagner son purgatoire si ce n’est déjà fait, j’étais servi.