Acrylique sur panneau, 30 cm x 40 cm, Janvier 2017
(On a ri, on s’est baisé, sur les neunoeils, les nénés…)
Au mur…
Détail
autre détail…
Quelques détails pour ceux qui s’intéressent à la façon, aux glacis, au dessin enfoui sous les couches… Pour ceux qui aiment les mauves et les verts et qui voient dans un visage un paysage, et dans un paysage un jeu de cubes griffé…
Pourtant si j’ay le chef plus blanc
Que n’est d’un liz la fleur esclose.
Et toy le visage plus franc
Que n’est le bouton d’une rose :
Pour cela, cruelle, il ne faut
Fuyr ainsi ma teste blanche :
Si j’ay la teste blanche en haut,
J’ay en bas la queue assez franche.
Ne sçais-tu pas, toy qui me fuis,
Que pour bien faire une couronne
Ou quelque beau bouquet, d’un lis
Tousjours la rose on environne ?
Pierre de Ronsard, Les Odes ( XXXIII)
On cherche une idée. Elles trainent parfois dans de vieux blocs. Tiens, celui-là par exemple, à portée de main, à moins d’une éclaboussure de barbouille… Feuilletons. Oui bof, je ne m’attendris pas. Un bonheur de mine de plomb n’a jamais donné d’office un bon dessin. J’en passe, dix, quinze. Vagues souvenirs de transes. Certains m’ont donné du fil à retordre. Je m’interroge. Celui-ci inachevé, pourtant bien commencé et trois pages plus loin celui-là trop poussé, bouché, plus paralysé qu’un écran qui freeze à la surprenante… Ça ne vieillit pas toujours bien les croquis.
Je m’arrête sur ce barbu (le dessin du haut). Flash. Je le vois en couleur, in extenso, dans des terres d’ombre, de Sienne brûlée, de blancs refroidis à l’Outremer. Je ne suis pas un torturé du projet, du pourquoi. Pas même du comment. Une impulsion me suffit. J’écrase sur la palette mes gros haricots de couleurs. Le pinceau gazouille sur le papier, bientôt les quatre choisies ne me suffisent plus. Je me dis que mon bonhomme prend des allures de Van Gogh, qu’il mérite son coup de fauve, son envolée de pâtes fraîches. C’est la douce bagarre, la caresse des soies, les effleurements délicats, les coups de brosses nerveux, farouches, vigoureux.
Et ça dure ce que dure l’amour les bons jours. Ça laisse pantois pareil, dubitatif, rêveur, sévère. Où vont se nicher les interrogations des hommes ? Quand vient l’heure de racler sa palette, de laver ses pinceaux on se demande pourquoi ces assauts de peinture, pourquoi tant d’acharnement à maintenir vivante la si fragile conviction qu’on ne vaut qu’en lignes et en couleurs.
On se demande aussi s’il reste encore beaucoup de tableaux à abattre avant d’achever le dernier, si l’on trouvera au retour de l’atelier un peu de cette fameuse terrine de pâté de lapin au frigo et s’il vaut mieux ouvrir un Côte-du-Rhône ou une Duvel pour lui jeter un sort..