Tête de bois, tête de feu…

aquarelle portraits le havre soluto

Dessin préparatoire, crayon sur papier 15 cm x 21 cm, février 2015

 

aquarelle portraits le havre soluto

Acrylique sur papier, 30 cm x 40 cm décembre 2016

On cherche une idée. Elles trainent parfois dans de vieux blocs. Tiens, celui-là par exemple, à portée de main, à moins d’une éclaboussure de barbouille… Feuilletons. Oui bof, je ne m’attendris pas. Un bonheur de mine de plomb n’a jamais donné d’office un bon dessin. J’en passe, dix, quinze. Vagues souvenirs de transes. Certains m’ont donné du fil à retordre. Je m’interroge. Celui-ci inachevé, pourtant bien commencé et trois pages plus loin celui-là trop poussé, bouché, plus paralysé qu’un écran qui freeze à la surprenante… Ça ne vieillit pas toujours bien les croquis.

Je m’arrête sur ce barbu (le dessin du haut). Flash. Je le vois en couleur, in extenso, dans des terres d’ombre, de Sienne brûlée, de blancs refroidis à l’Outremer. Je ne suis pas un torturé du projet,  du pourquoi. Pas même du comment. Une impulsion me suffit.  J’écrase sur la palette mes gros haricots de couleurs. Le pinceau gazouille sur le papier, bientôt les quatre choisies ne me suffisent plus. Je me dis que mon bonhomme prend des allures de Van Gogh, qu’il mérite son coup de fauve, son envolée de pâtes fraîches. C’est la douce bagarre, la caresse des soies, les effleurements délicats, les coups de brosses nerveux, farouches, vigoureux.

Et ça dure ce que dure l’amour les bons jours. Ça laisse pantois pareil, dubitatif, rêveur, sévère. Où vont se nicher les interrogations des hommes ? Quand vient l’heure de racler sa palette, de laver ses pinceaux on se demande pourquoi ces assauts de peinture, pourquoi tant d’acharnement à maintenir vivante la si fragile conviction qu’on ne vaut qu’en lignes et en couleurs.

On se demande aussi s’il reste encore beaucoup de tableaux à abattre avant d’achever le dernier, si l’on trouvera au retour de l’atelier un peu de cette fameuse terrine de pâté de lapin au frigo et s’il vaut mieux ouvrir un Côte-du-Rhône ou une Duvel pour lui jeter un sort..

4 réflexions au sujet de « Tête de bois, tête de feu… »

  1. celestine

    « Je ne suis pas un torturé du projet, du pourquoi. Pas même du comment. Une impulsion me suffit. »
    C’est sans doute aussi pour ça que je vous aime…s’il fallait vraiment donner une raison.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. soluto Auteur de l’article

      Oui, c’est ça Célestine, aimez-moi… Pour de bonnes et de mauvaises raisons… Ou même au jugé, au feeling, à l’aveuglette… L’amour est un vaste malentendu qui étincelle comme un soleil. Chacun va s’y dorer la pilule, et s’y brûle dès le second degré. On rit de ses cloques, on pleure de ses claques, et l’on claudique de clic en clic… Je vous aime aussi ma jolie, revenez tant qu’il vous plaira…

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    1. soluto Auteur de l’article

      On a dégringolé la betterave de rouge en soupant à la fourchette… La fin de la terrine a pas fait long feu. Arrivés au talon moelleux on se l’est partagé et, pour pas perdre, on a liché la gelée tremblante sur du brignol toasté. On s’est sucé les doigts, on a épluché des belles de boskoops pendant qu’un pot de café coulait. En faisant les plus longues épluchures on s’est encore raconté comment ça sera bien quand le marché de l’art reprendra des couleurs. On attend toujours les américains. On veut plus être payés qu’en dollars. Qu’est-ce qu’on s’est marrés… Quand j’en ai eu marre je suis allé arroser mes fougères, mon kentia, et je me suis jeté dans le canapé pour terminer une série noire de Franz Bartelt (le jardin du Bossu). Me suis endormi les ongles farcis de jaune cadmium et de vermillon… Une journée sans fausses notes. Et finalement, y en a pas lerche…

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