Ses cuisses. Le colosse de Rhodes; l’été.
André Hardellet, une phrase prélevée de Lourdes, lentes…
La pin-up que j’ai publiée hier c’était comme une envie de décalcomanie… Une fois finie j’y ai retrouvé l’influence de Chéret, de Buscema et de Raymond… On ne se méfie jamais assez de ses lectures d’enfance. Ce sont elles qui m’ont donné le goût d’un certain type de traits : un trait bandé, précis, incisif. Si ces heures passées à scruter les vignettes me revenaient d’un coup je crois que je pourrais de nouveau expérimenter le sentiment d’éternité.
Aujourd’hui ma pin-up ressemble plus à une viennoiserie… Parce que s’il y avait dans mon panthéon le puncheur Buscema (et Kirby et Romita), il y avait aussi Klimt et les anorexiques d’Egon qui m’en mettaient plein la vue…
Tout est bon pour se forger le goût. Les coups de poing au ventre ainsi que les délicatesses qui caressent l’œil.
J’aime le massif et le gracile, les cuisses crémeuses et les attaches fines.
« Lourdes, et lentes. Prenant bien leur temps pour reluire et faire reluire. Nourrices, mères, sœurs. Pleines de lait, de sécrétions, d’organes mous. Les autres, les maigres, les rapides, retournez à vos enfers étroits.
Germaine était lourde, lente.
Je vais employer des mots sales. Il le faut. Il faut que je vous tire de votre sommeil et de votre hypocrisie, que je vous explique comment ça se passe.
Gueulez au charron, ameutez les pouvoirs publics tant que vous voudrez, mais accordez-moi ceci ; je reste encore bien en deçà de vos divertissements cachés, de vos ballets oniriques.»
Lourdes, lentes d’André Hardellet.
Collection L’Imaginaire, Gallimard