Crayons de couleur, 21 cm x 29,7 cm, août 2021
On doit aimer Francis Ponge d’un amour posé et précautionneux. Ses écrits sont d’une texture si fragile, quoique le tissage en soit très serré, que la précipitation nuirait à leur bonne lecture. Un empressé verrait de la reprise où il faut voir de la variation, de l’obsession, du mouvement et une traque farouche de l’illusion d’optique.
Ses sujets de prédilections sont les objets. Il écrit sur le motif. Par lui décrits on les croirait peints, ou sculptés, et leur matérialité en est augmentée – chose qu’on pensait impossible. On les goûte, on les touche, on les voit, on les sent. Leur singularité devient extrême.
C’est un poète engagé qui dédaigne les nues, la Femme, l’aube, le couchant et le sentiment, ces lieux communs du versificateur, pour leur préférer la sensation, le mot, sa forme et ses vertus d’outils.
Il aimait Braque, Fautrier mais aussi, inexplicablement, Émile Picq qui n’est pas un bon dessinateur.
Il n’est jamais drôle, comme souvent ceux qui sont passés par le surréalisme. D’ailleurs, s’il a admirablement cerné son sujet dans « Le Savon », force est de constater qu’il n’a pas réussi à coincer la bulle.