Larry et le Guggenheim de Bilbao…


 


Le visage chafouin du gars Larry correspond bien à mon enthousiasme. Je veux dire question retour en Normandie…

 

 

Si j’ai vu de belles choses ici ou là pendant mon périple? C’est rien de le dire… Des merveilles. Des trucs intimes qui ne se partagent pas bien par le web.

 

Si j’en ai vu de drôles? Ah bah oui alors…

Allez, prenons un exemple au hasard. Figurez-vous qu’un gars a réussi à caser au Guggenheim de Bilbao le contenu d’un container rempli de déchets de chantiers… Des plaques ébréchées de placo, des débris de plâtre, des bidons ou des lames de stores tordues… Il a éparpillé tout ça en quelques îlots dans une grande salle magnifique et c’est devenu une œuvre d’art. Fortiche non?

On vous raconte la démarche de l’artiste dans des audiophones sur un ton convaincu.  Du papotage. Ça parle de sculptures éphémères. Il est question de la « recherche de l’auteur ». Entre nous ça cherche plus que ça trouve dans cette salle-là…

Personne parmi les visiteurs en tongs ne moufte…  On tourne autour des petits tas, des monticules, des étalages en se demandant si c’est pas un gag pour la caméra cachée. On est quand même sans illusions parce qu’on en a vu d’autres, ailleurs. On pourrait sourire, mais non. On prend des airs concernés ou des mines profondes. Certains prennent des notes. Sans doute qu’on a la trouille de passer pour d’affreux réactionnaires qui ne comprendraient rien à l’art contemporain.

Des fois, moi, j’ai peur de trop bien comprendre… Je veux dire le réseau, les cooptations, l’intérêt des complices à maintenir l’illusion d’une certaine forme d’intelligence… C’est un petit monde plutôt incestueux, l’art contemporain institutionnel… Il y a de la dégénérescence. Je trouve que les derniers poulots ont l’air taré. Faudrait pouvoir voir les caryotypes avant de se prononcer définitivement…

Passons, on connaît tout ça… D’autres savent mieux que moi tailler les costards et ne sont pas plus entendus.

 

Je sens des futés, derrière leurs écrans, qui se demandent pourquoi je persiste à aller me faire du mal dans des endroits pareils…  C’est parce que, parfois, on y trouve quand même de belles choses (un commissaire d’exposition ou un conservateur  n’est jamais à l’abri d’un acte manqué !)

C’est aussi parce que ça renforce mon intérêt pour les sans-noms, talentueux ou pas, les besogneux et les tâcherons de la peinture qui font des travaux sensas ou consternants, les humbles artistes qui accrochent peu, ou mal, et qui bossent dans leur coin sans le soutien de personne.

Hé ! Oh ! ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Je sais que le gros de cette troupe est aussi composé de gros nuls. Je ne chante pas le contraire ! Je dis juste qu’on n’est pas obligé de venir avec son bagage de morgue pour y faire son marché et qu’ils ne vous payent pas de mots… Ce n’est déjà pas si mal.

La prochaine fois je serai moins bavard…

Je compte sur un retour à l’atelier pour calmer certaines de mes passagères aigreurs…

 


5 réflexions au sujet de « Larry et le Guggenheim de Bilbao… »

  1. Klaudandreson

    Et dire que vous étiez en vacances ! Faudrait pas nous revenir aigri pour de bon quand même. Surtout que des chantiers, il y en aussi par chez nous.

    Mon anecdote de vacances vous amusera peut-être. J’ai récemment fait un tour à Rome où, dans un des couloirs qui menait à la Chapelle 16 ; pour tuer le temps qui se faisait long à jouer du coude aux milieu d’atrocités  baroques, j’ai pris un extincteur en photo. C’était un beau modèle, d’un joli rouge avec une poignée noire très travaillée ; vraiment splendide. Le fait qu’aucun de mes voisins ne fasse de même m’a quand même surpris, moi qui pensais avoir bon goût.

    Imaginons maintenant ’mon’ extincteur à Bilbao et ‘vos’ gravats dans le couloir Romain.

    Ceci, dit, bon retour parmi nous.

    A quand votre prochaine exposition?

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