Elle tapait dans ses mains…


Et nous nous rangions gentiment, deux par deux, sous le préau … J’ai longtemps pensé que c’était la plus belle femme du monde . Je la mangeais des yeux et mes désirs n’étaient pas chastes. Souvent, pendant la récré, je m’adossais contre un platane, les mains dans mes poches comme un homme. Je l’observais. Elle plaisantait avec ses collègues institutrices et j’apprenais que la jalousie est une souffrance. Un jour elles ont parlé de moi en souriant. D’un doigt pointu ma maîtresse m’a fait signe de les rejoindre. Elle m’a dit: « Si un jour ta maman t’abandonne je te prendrais avec moi, mais en attendant tu peux aller jouer avec les copains…Va! Dépense toi! Oublie moi un peu… »
Le soir même je priais Dieu de toutes mes forces pour qu’il me fasse orphelin…   

16 réflexions au sujet de « Elle tapait dans ses mains… »

  1. Soluto

    > Et alors, cher Hub, vous comptiez jusqu’à combien? NON! non… Ne répondez pas à cette indiscrétion, je regrette déjà de vous avoir posé la question… Merci de vos passages en tout cas…

    > Soyez la bienvenue Agathe… Ce qui me parait incroyable, c’est que vous soyez arrivé jusqu’ici et jusqu’à moi… Nos univers sont si différents… Cependant, ou peut-être à cause de ça, votre passage me ravit… Revenez vite…

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  2. flora

    Elle est belle, certes, mais beaucoup plus vieille… Moi qui ai « subi » quelques regards rougissants de mes élèves, garçons de 17-18 ans (j’en avais moi-même 23-24…) au début de ma courte carrière de prof, je trouvais déjà cela un peu gênant… Surtout, en pensant à mes propres années de lycéenne et à nos amours éperdues pour certains de nos professeurs… Dans ce sens, quoi de plus « normal »?…

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  3. yal

    C’eût été une bêtise à mon avis…elle profitait de ta passion pour elle pour en plaisanter avec ces collègues.

    Une égocentrique narcissique…tu aurais été bien inspiré, avec une chieuse et sans tes parents!! La nature est bien faite. Bonne suite !

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  4. Klaudandreson

    Quel beau mélange d’illustration et de texte.

    Et pour enrichir le débat, un souvenir personnel. Elle s’appelait Mme T. et m’enseignait l’anglais. Quand elle tapait dans ses mains, j’étais mort de peur et je n’étais pas le seul. Il faut dire qu’elle incarnait très bruyamment l’improbable croisement d’un rhinocéros nain (pour la rigidité massive) avec une loutre (pour la pilosité faciale). Nicole, sa fille, était en classe avec moi et son évidente hérédité m’empêchait d’avouer publiquement les fantasmes érotiques que sa génitrice m’inspirait. En fait, jusqu’à ce que les films d’Arts et d’Essai nippons me rassurent un peu, je vécus honteux de mes pensées sadiques. Chaque soir de cet année là, je  remerciai Dieu qui m’avait donné pour mère  un être visiblement féminin, proportionné et discret. Alors que Nicole, elle, devait rêver d’être adoptée par Eva Braun. Ceci dit, what a good teacher she was !

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  5. Soluto

    > Oh chère Flora, je suis bien d’accord avec vous… Rien d’anormal dans ces amours enfantines et éperdues… Juste une petite erreur sur l’objet du désir. Et encore…  La folie eut été que cette formidable femme (voyez, on ne guérit jamais..) ait répondu de manière ambigue à mon attente, qu’elle se soit servie de son ascendant sur moi pour me lanterner… Au contraire, je crois qu’elle m’a beaucoup apporté… Cette histoire n’a rien à voir avec la vôtre, où à l’évidence les enjeux pouvaient être plus troubles… D’ailleurs, j’en aurais aussi à raconter à ce sujet! un jour peut-être…


    > Vous vous emballez mon cher Yal! Une égocentrique narcissique! pour sortir aussi sec l’artillerie lourde et les mots qui font mal, on sent que vous avez dû morfler! Elle était mimi comme tout, et pas moqueuse pour deux ronds! Ses plaisanteries étaient salutaires, elles permettaient de nous remettre chacun à notre place… La grâce je vous dis, la grâce! (et puis d’abord je la défendrais jusqu’au bout…)


    >Merci Magali… Votre commentaire, qui parle d’amour, est en accord avec mon texte… Au plaisir…


    >Pauvre Klaudandreson… Comme vous avez dû souffrir d’étre tous les jours au zoo… On a beau dire, les conflits oedipiens, ça travaille l’homme! ça se gère à l’arrache, au gré des circonstances… Pour ma part, dans les dégâts collatéraux, j’ai perdu la foi… Franchement, ça aurait pu être pire…

    Je vous renvoie tous à ce petit  texte, écrit il y a quelques années, et dont le dessin s’est perdu dans les limbes de la toile…

    http://soluto.over-blog.org/article-5308866.html

    Il s’agissait déjà d’elle… à l’époque j’avais abordé le sujet de manière plus détournée…

    > merci à tous de vos visites… Elles me font grand plaisir…

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  6. Cécile

    Je viens de chez la Faune et la Flore (où je suis souvent). Comme je l’ai écrit chez lui, j’aime beaucoup vos dessins.

    je n’ai pas le souvenir d’avoir été amoureuse d’un seul de mes professeurs. Si ce n’est d’avoir été troublée (comme on peut l’être à 15 ans) (c’est à dire assez assez bécassement) par mon professeur de maths de seconde. Il était jeune et portait des jeans et des T-shirts Mickey ou rock sous ses chemises blanches. Il se glissait dans les rangs de la classe lors des devoirs sur table à la recherche de gauchers (étant gaucher lui-même) en leur murmurant : « un jour, toi et moi nous referons le monde à notre mesure … » (ce qui le jour où il me l’a sussuré dans les cheveux m’a fait beaucoup rire et rougir)

    En Primaire, je n’ai eu pratiquement que des maîtresses (comme on disait …) Un seul instituteur. Ce qui avait provoqué bien des questions et des émotions à  la rentrée : « nous allons avoir un maître … mais c’est comme un maître ?? est-ce que ça crie ? est-ce que c’est méchant ? est-ce que c’est bien ? ». Il s’est révélé charmant et passionnant. Un homme que j’adorais d’une affection débordante mais non d’amour. Il nous a fait travailler sur les atrocités de la seconde guerre mondiale, réfléchir sur la peine de mort, découvrir le fantastique Molière d’Ariane Mouchkine, la beauté de la poésie d’Appolinaire. J’avais 8 ans. Il s’appelait André.

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  7. Pouchka

    Ce thème que vous nous suggérez ravive au plus profond de nous certains souvenirs (pas si cachés que ça !), à en voir les différents commentaires…. Et oui, l’école primaire avec ses maîtres et maîtresses, et les premiers émois amoureux qu’ils ont pu susciter chez certains d’entre nous.

    Moi c’était un prof de sixième de transition( pour les plus jeunes qui n’ont pas connus ces classes c’étaient des classes aménagées) , je trouvais injuste qu’il n’enseigne pas dans les classes traditionnelles, j’aurai peut être eu la chance de l’avoir comme enseignant, et pour être tout à fait franche je trouvais que ces élèves de classe de transition ne méritaient pas un si bel homme.

    Voilà mon expérience.  

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  8. Soluto

    > Chère Cécile, vous avez eu de la chance… Il aurait pu être plus incisif et plus troublant… à sa place, devant un public facile, aurais-je su résister au plaisir de placer « Un jour nous referons le monde à notre démesure… »? Ce qui peut avoir son petit effet sur un auditoire adolescent… Mais l’heure n’était sans doute déjà plus aux aventures à la Gabrielle Russier (tragiques, finalement…)

    Venez d’où vous voulez, et passez encore par la Faune et la Flore, qui est un joli blog, mais revenez me voir… Vous êtes la bienvenue sur mes pages…



    >C’est que, chère Pouchka, le transfert est à la base de bien des apprentissages… Et si un peu de douceur, de désir s’en mêlent, pourquoi les rejeter? Prudence toutefois, le moindre passage à l’acte, la moindre ambiguïté seraient intolérables…



    > Pagnol? alors ça! mais je ne l’ai plus lu depuis le temps des dictées… Vous relancez un nom qui m’a échappé depuis trop longtemps… Je vais aller farfouiller dans mes cartons de livres pour voir ce que j’ai encore de lui… Merci, en tout cas, Héphémères, de votre passage… Vous aussi, revenez… Et de ce pas je retourne sur vos pages…

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  9. Chère Cécile

    Cher Soluto,

    hum !

    A l’époque, alors âgée de 15 ans, je ne fréquentais essentiellement que des « vieux » de 18 à 20 ans. A la très grande inquiétude de mon père … … Il aurait donc été très malvenu (car cela l’aurait rendu fou) d’en rajouter avec un homme d’environ 15 ans mon aîné. Cet homme, de toutes les façons, et même s’il m’aimait bien (ce qui était « un grand honneur » puisque que je ne faisais que le « service minimum » en maths (mais j’avais tant d’autres choses à faire …)), se souciait comme d’une guigne des « petites » puisqu’il sortait avec une vraiment très jolie professeure d’italien du lycée voisin.

    Cela dit, j’avais rencontré, au cours de mes études, un garçon qui, à 14 ans, s’était épris sincèrement et durablement de sa professeure de français de collège (et réciproquement). La liaison, longtemps clandestine, bien évidemment, avait été et restait très compliquée. Même une fois l’âge adulte atteint … … Outre le fait que notre société voit d’un mauvais oeil ces affaires de coeur hors normes ainsi que les femmes vivant avec des hommes bien plus jeunes, une femme abordant la cinquantaine n’a pas forcément les mêmes préoccupations, désirs et angoisses qu’un garçon de moins de trente ans. Disons qu’à 50 ans, cette femme se sentait en détresse, vieillir et sentait que son compagnon la voyait vieillir voire était tenté de regarder ailleurs … Une histoire d’amour délicate, difficile, perturbante, belle et triste, à la fois, dont ce copain parlait peu, ou en termes voilés et pudiques.

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  10. Soluto

    > chère Cécile, l’histoire que vous évoquez est très intéressante… Vous dites, sans doute à juste titre, qu’elle était vue d’un mauvais oeil… Imaginez ce qu’il en aurait été si les rôles avaient été inversés, si un homme de plus de vingt ans son ainé avaient une sexualité active avec une de ses élèves de quatorze ans. L’on parlerait immédiatement (et peut-être à juste titre)de relation perverse. Et d’ailleurs il faudrait y regarder de plus près, qui sait si ce n’était pas ça qui était en jeu dans leur histoire? Pourquoi les femmes seraient-elles épargnées par les pulsions pédophiles? N’y a t-il vraiment rien à explorer de ce côté là?…

    Par ailleurs votre histoire nous rappelle que les relations d’attachement entre personnes d’âges trop différents (ce n’est pas une découverte) vieillissent mal en général. Qu’elles ont un prix, celui de l’ennui, de l’envie, de la lassitude, de la méfiance, de l’échappement… Comme toutes les autres? Sans doute… Mais quand la fatigue  gagne sur le désir et que la vigueur redouble chez un partenaire l’avant goût de la mort est décidément trop puissant…

    Au plaisir de vous revoir sur ces pages, chère Cécile

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  11. Cécile

    Plusieurs jours ayant passé, je suis gênée d’avoir raconté cette histoire d’amour vraie mais vraiment délicate.

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  12. Soluto

    > Allons, allons, Cécile… Celui qui fait une erreur, puis qui la regrette, souffre deux fois… Vous avez su la raconter avec assez de pudeur pour que personne ne vous fasse le reproche d’avoir pillé la vie d’autrui… Ne vous inquiétez plus(je le veux!) et revenez bientôt…

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