Tu ne m’échapperas pas…

Tu ne m’échapperas pas. Je resterai à côté de toi et je te surveillerai. Quand tu lèveras la tête tu rencontreras mon regard. Quand tu la détourneras je serai dans toutes tes pensées. Ainsi je pèserais beaucoup dans chacun de tes choix. Tes choix ? Ils me seront soumis. Sans mon agrément ils ne seront que des vœux insatisfaits. Tu me bouderas et je te sourirai. Tu me parleras et je t’écouterais. Pour chaque question que tu poseras j’aurai la réponse. Une réponse longue, fournie, détaillée, argumentée. Je chasserai les mauvaises émotions qui polluent les idées justes et d’un ton pondéré je te démontrerais la validité de mon raisonnement. Bien sûr, au début, tu auras peur de moi. Pour t’évader tu ne reculeras devant rien. Tu essaieras de me séduire et tu minauderas. Tu t’offriras puis tu te refuseras. Tu me mordras et tu me grifferas. Jusqu’à un certain point d’ailleurs je te laisserais faire sans jamais me servir de ma force, quoique je te la ferai sentir, crois-le bien. Tes angoisses seront terribles mais à force de patience nous les vaincrons ensemble. Si nous n’y parvenons pas tout à fait, si tu as toujours peur de mourir, je te forcerai à consommer de l’Equanil. Je te promets que malgré tes sueurs et tes tremblements tu t’endormiras. Un jour, dans un mois, dans un an peut-être, la quiétude reviendra. Tu ne me promettras plus la tempérance car tu auras perdu l’espoir de te soustraire à mon traitement. Quand le papillon aura cessé de battre des ailes entre la table et ma paume, quand j’estimerai qu’il peut revoir la lumière sans aller s’y brûler, quand enfin la vie aura repris toute son intensité je desserrerai mon étreinte bienveillante. Oui ma chérie, cet alcool qui danse dans le verre que tu portes à tes lèvres finira par se taire. Je vais enfin reprendre la main. À partir d’aujourd’hui c’est moi qui serais tout pour toi…

 

 Récapitulons encore…


5 réflexions au sujet de « Tu ne m’échapperas pas… »

  1. KA

    Pfuiiiittt ! Pfuiiittt ! Pfuiiittt ! Si ça se trouve, Soluto il connaît même pas Boltanski, eh !

    (Euh… en vrai ça m’étonnerait sacrément…:-)

    Répondre
  2. soluto

    > Chers Plastikpeople et KA, je vous rassure tout de suite… Je connais (pas mal) le vieux Boltanski… C’est qu’il est un peu incontournable pépère… Et encore, ça s’arrange un peu, mais il fut un temps où l’on ne pouvait vraiment pas l’éviter… Bon, pour être clair, le côté mise en scène autour d’une mémoire traumatique et la dimension trop esthétique, quoiqu’il s’en défende sûrement, m’indisposent… Il y a pourtant d’autres travaux que j’aime mieux… Ceux, par exemple, autour de sa propre bio (pour le coup réinventée…)

    > Oui, Tiffauges, on peut le dire comme ça aussi… Je prends…

    Répondre

Répondre à KA Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Current ye@r *