Archives pour la catégorie Peinture…

Bout de toile… (extrait avec deux femmes)


Soluto rimbaud petites amoureuses peinture dessin voyage voiture
 

Acrylique sur toile   (détail)   2012


Mes petites amoureuses

 

 

 

Un hydrolat lacrymal lave
   Les cieux vert chou :
Sous l’arbre tendronnier qui bave,
   Vos caoutchoucs

Blancs de lunes particulières
   Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères
   Mes laiderons !

Nous nous aimions à cette époque,
   Bleu laideron !
On mangeait des œufs à la coque
   Et du mouron ! Un soir, tu me sacras poète
   Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
   En mon giron;

J’ai dégueulé ta bandoline,
   Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
   Au fil du front.

Pouah ! mes salives desséchées,
   Roux laideron
Infectent encor les tranchées
   De ton sein rond !

Ô mes petites amoureuses,
   Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
   Vos tétons laids !

Piétinez mes vieilles terrines
   De sentiments;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
   Pour un moment !

Vos omoplates se déboîtent,
   Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
   Tournez vos tours !

Et c’est pourtant pour ces éclanches
   Que j’ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
   D’avoir aimé !

Fade amas d’étoiles ratées,
   Comblez les coins !
Vous crèverez en Dieu, bâtées
   D’ignobles soins !

Sous les lunes particulières
   Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
   Mes laiderons.


  Arthur Rimbaud   1871

Pére, mère, soeur et tatas à Royan…


Soluto peinture dessin Regard Coupable Jean Roger Caussimon  

Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012



Papa… Toujours tu courras sur la plage ! Toujours je te poursuivrai avec mon seau d’eau de mer qui bringuebalera au bout de mes bras tendus. Et jamais, même quand tu seras vieux, je ne te rattraperai… Je te verrai à jamais à genoux dans le sable, les fesses en l’air, pour bâtir notre château tout en douves et créneaux, si joliment décoré de coquillages.

Et toi maman, tu n’en finiras jamais de relire ces bouquins compliqués dont les titres à eux seuls sont de profondes énigmes. Tes cours d’aquagym pour mincir et tes exercices de respiration feront de toi la plus belle contre toutes les autres et à tout jamais.

Je vous sais pour l’éternité derrière moi vous tenant par la main, épaule contre épaule, le soir à la promenade quand le ciel devient mauve, et je serai toujours sous votre regard bienveillant celui qui poussera tendrement une sœur qui, sans cesse, s’endormira en souriant…

 

Même quand elle ne sera plus là, que les années auront passé, je reconstruirai  par mon imagination la seule vraie vie qui vaille et qui jamais ne saura passer…

 

 

« Partir disiez-vous… 1976″ la toile dans son ensemble…


Soluto peinture dessin Regard Coupable Jean Roger Caussimon  

Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012



… Une fois mon pote déposé, le casque que je lui avais prêté dans le pli de mon bras, je suis repassé devant Claire qui attendait toujours qu’on la ramène. L’occasion était trop belle de jouer les chevaliers servants. Je me suis arrêté et, dégageant ma tignasse frisée du casque qui l’étouffait, je lui ai proposé de la ramener avec un sourire timide. Elle a regardé ma moto avec un peu d’inquiétude et n’a pas dit non. Je l’ai aidée à enjamber ma jolie mécanique, lui ai montré comment attacher la jugulaire et d’un coup de talon vigoureux j’ai mis les gaz. Elle m’a gentiment tapé sur l’épaule et m’a demandé où l’on se tenait en agitant ses mains blanches, ainsi que le font, c’est bien connu, les petites marionnettes. J’ai attrapé ses poignets (c’est là que commence le piège à filles…) et je l’ai amené doucement à entourer ma taille de ses bras charmants. Au moment où nous démarrions l’autocar de la Compagnie Normande d’Autobus montrait sa face mafflue et descendait vers nous. C’était en 1976…

 

 

Croix perdues… La toile dans son entier…


Soluto croquis barbouille peinture dessin Regard Coupable croix perdues
 

Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012



 Les Bienfaits De La Nuit. À Raoul Lafagette. 
Quand le chagrin, perfide et lâche remorqueur, Me jette en ricanant son harpon qui s’allonge, La Nuit m’ouvre ses bras pieux où je me plonge Et mêle sa rosée aux larmes de mon coeur. À son appel sorcier, l’espoir, lutin moqueur, Agite autour de moi ses ailes de mensonge, Et dans l’immensité de l’espace et du songe Mes regrets vaporeux s’éparpillent en choeur. Si j’évoque un son mort qui tourne et se balance, Elle sait me chanter la valse du silence Avec ses mille voix qui ne font pas de bruit; Et lorsque promenant ma tristesse moins brune, Je souris par hasard et malgré moi, - la Nuit Vole, pour me répondre, un sourire à la lune.


 
 Maurice Rollinat (1846-1903) 


Le regard coupable, la toile dans son ensemble…


Soluto peinture dessin Regard Coupable Jean Roger Caussimon  

Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012



Je ne sais plus comment c’est arrivé, mais je me revois à ce moment précis où je suis debout, silencieux, devant le grand coffre ouvert.  Sans doute ai-je essayé à un moment de tirer la roue vers moi, comme je le faisais presque à chaque fois que je venais dans ce bureau. Je ne sais plus rien du probable étonnement qui a dû me saisir quand la lourde porte qu’on avait oublié de fermer s’est ouverte sans un bruit. J’ai beau multiplier les efforts de mémoire, les deux séquences s’enchaînent, distinctes, sans que je parvienne à faire la transition. Pour la première fois je suis seul devant la gueule béante de ce monstre de fonte et d’acier. Il y fait sombre, il y fait froid, un enfant comme moi, si l’on retirait les quatre tablettes métalliques, pourrait y tenir. L’idée m’en est venue et j’ai frissonné. Je me suis immédiatement senti en faute. J’ai redouté ou espéré qu’on me surprenne en flagrant délit. J’ai avancé les mains… Il y avait deux magazines, une enveloppe de papier kraft avec des photographies et trois ou quatre boites en carton. Pas de billets de banque, pas de courriers, un peu de paperasse sur la plus haute tablette… Finalement bien peu de choses par rapport à ce qu’un tel meuble aurait pu contenir de secrets…