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Michel Simon (un bout du…)

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Huile sur papier, avril 2024, à peu près 35 cm x 50 cm
De temps en temps je dessinais un Michel Simon. Maintenant j’en peins. Décidément rien ne s’arrange.
Extraits du portrait de Michel Simon par Paul Guth
« Les autres comédiens appartiennent à la race des hommes. Michel Simon est le survivant d’une espèce disparue. Tous les règnes de la nature, tous les âges de la vie se bousculent dans son corps pour une allégorie des temps préhistoriques.
Le menton, forgé à coups de marteau, lui remonte jusqu’au milieu du visage et semble se démantibuler aux charnières des mots. Ses joues se gonflent en deux ballons de chair entre lesquels s’enfouit le losange de la bouche qui s’ouvre été se ferme en coulissant. Le rire découvre un cercle de dents minuscule, un anneau de Gygès d’ivoire au centre duquel flotte la langue qui écrase ou délivre la parole : source ou bouillie.
Au-dessus du nez de boxeur, cassé, blindé de plaques de chair, règne la grâce. Les yeux admirables, agiles, rieurs, d’un brun sans défaut, s’enchâssent dans des paupières qui peuvent se rabattre en capotes de cuir, dans l’hivernage de l’ennui, ou se relever à fond, pour le comique ou la stupeur. »
La suite est de cette eau-là.

Serge G.

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Huile sur papier Figueras, 21 cm x 29,7 cm, avril 2024.
Je le préférais plutôt Intoxicated Man que beurré au 51. Reste la geste suicidaire, longuette et désinhibée, qui me partage. L’ivrognerie magnifique n’est pas donnée à tout le monde. Trop souvent elle crétinise et gâte le talent. J’aimais mieux quand son 6.35 lui f’sait les yeux doux — Rien qu’un vertige, comme ça, pour rire, pan ! pan !
Quoi qu’il en soit il m’a plu d’aller le chercher par la couleur plutôt que par le trait.

 

Ailleurs je perds mon temps…

portrait soluto huile peinture

Huile sur toile 24 cm x 30 cm

Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps.