Archives pour la catégorie Non classé

Yoyo couleur métallo…

Tout est dit, ou presque.
On marche seul le long des rues, on prend une dose de whisky pour préparer son sermon, on a aussi le droit de se taire et de fumer tandis qu’un chien loup vous jette un regard un peu fou. De l’Amérique de cinéma. Des images efficaces.
J’ai revu une interview du gars sur la chaine d’Ardisson. S’ensuivent ces quelques dessins.

Ps : Je me souviens d’avoir croisé trois ou quatre fois, fin des années 70, un Lionel qui logeait avec ses deux frangines chez son oncle dans le quartier du Puchot à Elbeuf. Il faisait jaser. C’était un rocker de banlieue, comme il en existait pas mal à l’époque, surnommé Yoyo. Grand, gras et même un peu bouffi, il trimbalait la bibeloterie complète : des santiags affaissées, de larges bagues, un perfecto râpé, des Ray-Ban Aviator, une banane ondulante et des rouflaquettes à mi joues. Sur le parking, en bas de l’immeuble, flamboyait sa DS 21 laquée rouge repeinte au rouleau. C’était une authentique terreur qui réglait des litiges de voisinages et arbitrait des partages de cambriole. Qu’on disait. Il revenait régulièrement dans les conversations et les faits-divers.
Quand j’ai fait cette série de portraits Yoyo a ressurgi dans ma mémoire. Je me demande ce qu’il est devenu. Si quelqu’un a des nouvelles…
Je ne l’imagine pas vivant à crédit et en stéréo.

crayon, dessins, dessin, croquis, carnet dessin, sketch, soluto, lavis, auteur, roman
crayon, dessins, dessin, croquis, carnet dessin, sketch, soluto, lavis, auteur, roman
crayon, dessins, dessin, croquis, carnet dessin, sketch, soluto, lavis, auteur, roman

Portrait d’écrivain, Paul Verlaine, Lélian, vilain bonhomme…

Paul Verlaine, graphite, dessin, fusain, board, grey, body, soluto peinture
Acrylique sur papier, 21 cm x 29,7 cm, juillet 2021

En ces temps-là de vilains rabatteurs collaient négligemment sous nos yeux embués des polycopiés. Nous ne nous doutions pas des coups qu’ils nous portaient. On contemplait ces bouts de phrases cadenassés, tous en pieds bien comptés, dans leurs formes désuètes, cette fois un sonnet, comme s’il s’était agi d’une corvée de patates. Il fallait en extraire le jus, le sens et les intentions souterraines que l’auteur noyait sous le poli de ses vers.
C’est par la voix du Rêve familier que Verlaine m’advint et me ravit.
Ce poème me pénétra, sa musique grise et lente me comprima le cœur et j’éprouvai pour de vrai le sentiment mélancolique, la force de son frein et l’immonde plaisir qui le baigne. Je l’appris par cœur et me le récitai souvent.
Plus tard je me passionnai pour le recueil Parallèlement.
J’aimais qu’il se qualifiât lui-même de maudit et qu’il se donnât les moyens, par la boisson, les dérèglements et les illusions mal nourries, de se déprendre du sublime et du style sans y parvenir. Une vie gratinée aux flammes de l’enfer : la cousine orpheline, si bel amour déçu qu’un autre lui souffle, se marie et meurt, son père trépasse tôt et son insupportable mère lui passe tout. Un marlou ardennais aux grosses mains rouges (la fatalité a souvent de grosses mains rouges) vient lui mordre le cou. Mais qui sait qui saigne l’autre ? C’est l’odeur crue de la luxure, la bite aux aguets, la débauche obstinée et son fils Georges, à l’occasion, jeté contre les murs. Errance, fêtes navrantes, coup de pétoire à Bruxelles, cellule, rabibochage, adieux. Des saisons et des saisons en enfer, des bocks vidés, l’absinthe, des vins noirs, des crises de déraison, des vers qui boitent et qui palissent enfin, la pitié, le dégoût, l’hôpital, le cimetière des Batignolles.
En post-scriptum on voudrait mettre le portrait d’Eugène Carrière, ce cri de Paul Fort « N’importe ! Lélian, je vous suivrai toujours ! », la chanson d’automne de Trenet et quelques larmes de Birkin qui n’y pourront rien changer. Des mots, des pappus pris au vent qui n’en finiront jamais d’essaimer…
Pourvu que Verlaine, longtemps encore, au vent mauvais, continue de draguer dans les salles de classe.

Jackie Berroyer, portrait d’écrivain…

Jackie Berroyer, graphite, dessin, fusain, board, grey, body, soluto peintureFusain sur papier, 21 cm x 29,7 cm, juillet 2021

Dans les années 70, adolescent, j’usais mes cinq francs d’argent de poche hebdomadaires à l’achat de Charlie-Hebdo. Je me jetais sur les bandes brouillonnes et tremblées de l’immense Reiser, je lisais avec trop de sérieux Cavanna et je négligeais Wolinski dont il me semblait avoir percé le système. J’aimais passionnément les dessins de Cabu dont le sens de la caricature, à l’égal de Daumier, m’époustouflait.
Peu à peu je prêtais attention à un type qui parlait de musique et composait des récits courts avec un sens du rythme et de la chute épatant. Ses histoires de boulangères, de copains pas très fins, de mobylettes me donnaient à penser que nous avions du quotidien en commun. Berroyer me faisait rigoler.
Dès sa parution j’ai acheté « J’ai beaucoup souffert ». Je l’ai rapidement su presque par cœur. Facile, je connaissais tous les personnages, tout s’y passait comme dans mes alentours. On se serait cru à Saint-Étienne-du-Rouvray ou à Grand-Quevilly. La littérature, mine de rien, se rapprochait de moi pour de bon.
Un soir que je vernissais quelques toiles à Paris, à la fin des années 80, sous le nom, à l’époque, de Quevauvillers, je l’avais invité. J’avais soigné mon courrier, multiplié les private joke, et bien montré à quel point sa fantaisie et sa justesse me touchaient. Il était venu avec un ami, nous avions bavardé une heure.
Comme j’étais content.
Cet épisode se déroulait bien avant qu’il montrât sa bobine sur les écrans, petits ou grands. Bien sûr je continuai ensuite de le surveiller de loin mais ses livres suivants m’accrochèrent moins ; sitôt lus, sitôt rangés. Sa notoriété grandissait. Il me déplaisait peut-être de devoir le partager avec le tout-venant et les balourds. Je le négligeai, ne le fréquentant plus qu’au hasard de ses prestations médiatiques.
À sa sortie j’ai lu « La femme de Berroyer est plus belle que toi, connasse ! »
Ce thriller sentimentalo-philosophique m’a mouché. C’est un chef d’œuvre doublé d’une caresse pour l’intelligence.
Traversez l’acteur, le fantaisiste, le mélomane, le dilettante et le touche-à-tout. Poussez jusqu’à l’écrivain.
Avec moi attendez son prochain roman.

Huberty & Breyne, accrochage Soluto, informations et visite virtuelle…

Lesbos, nu, body, graphite, dessin, fusain, board, grey, body, soluto peinture, digital, numerique
La visite virtuelle est au bout de ce lien (clic)
Ma page au bout de celui-ci (clic)

Du 30 avril au 29 mai, la galerie Huberty & Breyne rend honneur au cinéma avec une exposition originale et inattendue, intitulée 45 ARTISTES FONT LEUR CINEMA.
Face à la crise que traverse les salles de cinéma, Alain Huberty a fait appel à l’illustrateur David Merveille pour réaliser une exposition sur le cinéma afin de réanimer la flamme cinéphile du public.
Ce dernier, commissaire de l’exposition, a lancé une invitation créative auprès d’une cinquantaine d’artistes en leur proposant de s’exprimer sur ce que le cinéma représente pour eux. Le public aura le plaisir de découvrir de nombreuses œuvres inédites allant d’affiches de films revisitées à des portraits de comédiens, tout en passant par des objets ayant marqué le cinéma.
Ont répondu à l’appel de grands noms de la Bande Dessinée, tels que Philippe Dupuy, François Schuiten, Philippe Geluck, Jean-Claude Götting, Joëlle Jolivet, Manara, Rebecca Dautremer, et tant d’autres…

Artistes présentés :

François Avril, Alfred, Vincent Bal, Philippe Berthet, Abdel de Bruxelles, Christophe Chabouté, Carole Chaix, Jean-Luc Cornette, Kitty Crowther, Rébecca Dautremer, Johan De Moor, Philippe Dupuy, Christian Durieux, Jack Durieux, Laurent Durieux, Manuele Fior, Filippo Fontana, Philippe Geluck, J-C Götting, Danny Hellman, Maran Hrachyan, Alexandra Huard, Martin Jarrie, Joëlle Jolivet, Louis Joos, Philippe de Kemmeter, Eric Lambé, Stéphane Levallois, Liberatore, Loustal, Luz, Jeanne Macaigne, Milo Manara, Jean-Marc Pau, Dave Mc Kean, David Merveille, Ever Meulen, Nathalie Novi, Stéphane Oiry, David Prudhomme, Frédéric Rébéna, François Schuiten, Soluto, Brecht Vandenbroucke, Bastien Vives.

Mise en ligne des œuvres à partir du vendredi 30 avril 2021.