Archives pour la catégorie Crayons…
Fusains, des portraits 02…
En allant à la Glacière…
Un type qui cherche le 9 rue Rollon pour venir à la Glacière voir mon expo…
Une fille qui a trouvé l’adresse. Elle est contente mais elle cache sa joie.
Couic sketch…
Une fin de carrière ? une fin de vie… L’insupportable classe.
Portrait pour prendre, pour perdre patience…
Crayon papier, 15 cm x 21 cm, mai 2019
Ne pas trop s’approcher de l’écran. Je suis contagieux. Et j’enrage d’être cloué chez moi, de ne pouvoir, à cause d’une sale laryngite/pharyngite/sinusite, courir à l’atelier où m’attendent les huiles que j’ai commencées, qui ne m’attendent pas et qui durcissent en ricanant comme des fiancées contrariées.
L’éclair de côté que coulait votre œil…
A poil (ras, gominé et fougueux)…
Ernest Boubouroche…
Crayon papier, 15 cm x 21 cm, février 2019
(…)
Le monsieur reprit :
– Monsieur, nous ne vivons plus aux temps qu’a illustrés la Tour de Nesles, où l’épaisseur des murailles étouffait les cris des victimes. Les siècles ont marché, les hommes ont produit… A cette heure, nous habitons des immeubles bâtis de plâtre et de papier mâché. L’écho des petits scandales d’au-dessus, d’au-dessous, d’à-côté, en suinte à travers les murs, ni plus ni moins qu’à travers de simples gilets de flanelle. Depuis huit ans j’ai pour voisine de palier cette personne que, naïvement, vous ne craignez pas d’appeler votre «amie». Depuis huit ans, invisible auditeur, je prends, à travers la cloison qui sépare nos deux logements, ma part de vos vicissitudes amoureuses… accompagnées de plusieurs autres. Depuis huit ans je vous entends aller et venir, rire, causer, chanter le Forgeron de la Paix avec cette belle fausseté de voix qui est l’indice des consciences calmes, frotter le parquet, remonter la pendule et vous plaindre, non sans aigreur, de la cherté du poisson : car vous êtes homme de ménage et volontiers vous faites votre marché vous-même. C’est exact ?
– Rigoureusement, dut reconnaître Boubouroche.
Le vieillard eut un mince sourire, but un peu de bière et poursuivit :
– Depuis huit ans, je m’associe… – homo sum et caetera, – à vos joies et à vos misères, compatissant à celles-ci et applaudissant à celles-là, admirant l’égalité de votre humeur dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, partageant vos muets étonnements quand on vous reproche (tel hier encore), d’être ivre à huit heures du matin, c’est-à-dire au saut du lit, et admirant la grandeur d’âme qui vous porte à ne pas rouer de coups de canne votre «amie» chaque fois qu’elle l’a méritée. Eh ! bien… – Ici je réclame de votre part un redoublement d’attention : ce qu’il me reste à vous révéler est en effet du plus haut intérêt, -… Eh ! bien, dis-je, de ces huit ans, pas un jour ne s’est écoulé qui n’ait été pour votre «amie» l’occasion d’une petite canaillerie nouvelle ; pas un soir vous ne vous êtes couché qu’excellemment jobardé et cocufié comme il convient ; pas une fois vous ne franchîtes le seuil du modeste logement payé de vos écus, où s’abritent vos plus chers espoirs, qu’un homme – vous entendez bien ? – n’y fût caché.
Boubouroche bondit :
– Un homme !
– Oui, un homme.
– Quel homme ?
– Un homme, expliqua le monsieur, de qui j’entends, avant vos arrivées, la voix,et, après vos départs, les rires.
COURTELINE, Georges Moineaux dit Georges (1858-1929) : Boubouroche, nouvelle (1892).