Simonin, portrait d’écrivain…

Magali Cazo, graphite, dessin, fusain, board, grey, body, soluto peintureCrayon sur papier, 21 cm x 29,7 cm, juin 2021

 

Je me souviens vaguement de ma première rencontre avec Albert Simonin.

Il était austère, sous un vernis noir et jaune, griffé blanc NRF, couché dans une caisse de romans de poche que mon père avait levée chez un voisin parti à la cloche de bois. On trouvait dans la boite à la fois Mauriac, James Hadley Chase, Sagan, San Antonio, Jacques Laurent, Francis Carco, Jean Bruce, des Spécial Police, du sentimental, d’autres auteurs en vogue dans les années 60 et maintenant tout à fait démodés.

J’avais onze ou douze ans. Simonin était au plus bas sous les piles et le dernier à m’intéresser. J’aimais mieux San Antonio parce que j’avais encore très mauvais goût.

Simonin m’est apparu dans sa malice, sa richesse et ses nuances longtemps après. Je l’ai attrapé comme on attrape une grippe dont on se remet mal. Sous l’Élégant j’ai vu l’homme nu, sous l’argotier le styliste, sous le paresseux un accablé et sous le désabusé un penseur tragique.

On peut (comme pour Manchette) se dispenser de ses collaborations avec le cinéma. D’ailleurs, en général, la collaboration ne lui a pas réussi (cinq ans de cellule, quand même)

On lira prioritairement Touchez pas au grisbi, si mélancolique et crépusculaire, et les Confessions d’un enfant de la Chapelle. Les courts textes de la lettre ouverte aux voyous et du savoir-vivre chez les truands tombent justes et droits comme des grimpants taillés sur mesure par un maitre.

Féministes, délicats, progressistes enragés et petits lecteurs s’abstenir.

 

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