Un syndicaliste ne doute pas. Il lutte pour garder ses chaines et exige d’être un esclave respecté. Il souffre, dit-il, de travailler si dur, dans un contexte aussi ingrat, mais il râle dès qu’on le prive d’activité, d’emploi, d’occupation. Il s’estime heureux d’être surexploité quand tant de copains ont été éjectés du manège. Tant qu’il court dans la roue il n’aspire qu’aux repos, aux congés, à la retraite. Quand il en descend, fatigué, il s’occupe du barbecue, garde ses petits-enfants, s’embringue dans des circuits touristiques et se torture pour trouver de quoi essorer sa mitraille.
On lui a seriné que toute sa dignité tenait dans la torture quotidienne qui lui brisait les reins, lui ulcérait l’estomac, lui ramollissait le bulbe et l’enferrait dans des stratégies dérisoires pour vendre chaque jour un peu plus d’inutile. Il tient à tout prix à la prison qu’on lui concède, se bat pour garder sa cellule et « lutte pour sa servitude comme s’il s’agissait de son salut ».
Il croit que ses maîtres sont méchants, fourbes, manipulateurs, qu’ils se liguent, s’organisent contre lui, exprès pour lui nuire. Il se prête, se donne beaucoup d’importance. Ses maîtres, de lui, n’ont que foutre ! Qu’ils vivent, qu’ils crèvent, même affaire. Ils sont ailleurs, pensifs, s’interrogent déjà sur la façon d’accroitre leurs pouvoirs et leurs dominations. Rien ne les fait mieux goder. Ils attendent plus ou moins patiemment que la rouscaille s’essouffle, que le grand tas beuglant, si frileux dans le détail, si terrifiant dans sa masse, redevienne la variable d’ajustement si chère à leur cœur.
Les maîtres pensent, tel Jean Yanne dans le sketch du permis de conduire : « Qu’est-ce qu’on perd comme temps en formalités … »
Ils rêvent à demain, comme les pauvres, et se distraient aussi (mais eux avec de vrais jouets) en attendant la grande moulinette qui nous éparpillera tous pour de bon et définitivement.
Cela me ramène funestement à la disparition d’un ami syndicaliste décédé d’une crise cardiaque trois mois après sa mise en pré retraite.
Ce qui me rend encore plus triste c’est que lors de notre ultime rencontre je lui avait tenu peu ou prou le même discours que le vôtre et que nous nous étions quittés sur un désaccord total; je sais que je l’avais terriblement blessé. ET encore une fois de constater qu’il faut bien fermer sa gueule comme le hurlait Ferré alors que l’on ne cesse de l’ouvrir pour rien.
Vos deux lascars ont des tronches de cakes, vous les avez dégotés pendant vos trois semaines de fugue?
(en si majeur).
Bien à vous, cher oiseau.
Oh, vous ici ?! Je vous croyais froissée… Dites, rassurez-moi, vous n’aviez pas blessé votre ami syndicaliste au point qu’il en mourût ? J’ai généralement une dent contre ceux qui prennent la poudre d’escampette avant les rabibochages. Quel aveu de culpabilité! Je vous laisse la responsabilité de vos propos quant à mes modèles. Je pense que Teddy, le premier, va apprécier… Au plaisir de vous revoir par ici…
De » froissée » il n’y a que mes jupes des années 70 qui ne font plus un pli.
Bien sûr que je ne suis aucunement coupable du décès de mon ami qui , lui, a pris la poudre d’escampette avant que nous ne puissions nous aimer encore.
Quant à Teddy, qu’il m’excuse si je l’ai froissé…….
Françoise.
Partir avant de décevoir, ou décevoir avant de partir… L’amour se plait aux coupures; qu’elles saignent ou qu’elles tuent, qu’elles enfantent le manque ou le soulagement… Beau dimanche enroulée dans les infroissables…
Bien philosophique ce texte ! La « servitude volontaire » .
Il y a syndicalistes et syndicalistes . Il y a ceux qui se sentent comme des Héros , dignes héritiers des mouvements de 1936 . Et les autres .
Et pendant ce temps en Suisse , il y aura le 5 juin un referendum sur le revenu universel garanti, un revenu de base garanti à tous .
Chère Nathalie, je n’en connais pour ma part qu’une seule sorte: grégaires, gueulards, sincères et agis par plus fort qu’eux. La gueule de bois ou l’ivresse de la victoire risque d’être terrible. Je redoute et désire tout à la fois l’explosion sociale. Lutter contre ne vaudra jamais lutter pour (et moi, lutter, alors que mes pinceaux, certains jours, me semblent déjà trop lourds… Les bras m’en tombent. Je laisse ça à ceux qui ont du coffre et de la voix) Cela dit la morgue, l’arrogance, le déni de démocratie, la violence policière, les ricanements des forts, l’humiliation systématique des faibles, l’acharnement à développer les « compétences » au mépris de la culture, l’individualisme joué contre l’individuation, la volonté de détruire l’école, la perversion aussi de tuer les rapports hiérarchiques (ah, la transversalité) pour instaurer des rapports de soumission,c’est un peu dur à avaler… Quant au background philosophique du texte vous l’avez bien perçu ; un peu de La Boétie, de Spinoza (je l’ai un peu tordu à ma façon, il me le pardonnera) et de Nietzsche ( parce que j’ai toujours aimé la goutte d’encre de chine qui tombe à pic dans l’eau trop pure) A tout bientôt…
C’est à cause de l’argent.
Les ouvriers qui rament n’ont pas l’occasion de revendiquer.
les manipulateurs sont manageurs ou syndicaux.
« la France qui se lève tôt » disait l’autre (escroc)…
bien à vous Soluto, toujours partant pour une pression ?
Ravi de votre passage cher Hub de Nantes… Bien sûr que je reste d’accord pour une pression! Surtout dans ce monde où on nous la met plus facilement qu’on ne nous la sert ! A très bientôt, donc…
Il y a aussi dans votre défilé havrais cher Soluto ceux qui ne vont au boulot que pour prendre le salaire, ceux qui se payent sur la bête, des syndicalistes qui se foutent bien de la reconnaissance de leur patron, il y a tous ceux qui affirment avec Fernand Pelloutier « Nous sommes en outre ce qu’ils ne sont pas : des révoltés de toutes les heures, des hommes vraiment sans dieu, sans maître, sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c’est-à-dire des lois et des dictatures (y compris celle du prolétariat) et les amants passionnés de la culture de soi-même »
Bien à vous et vive la grève.
Lucm
Sans doute chez Lucm, mais y en a pas lerche de ces affûtés. Les anars, beaux et purs, sont passés de mode. Le désir de consommation, l’accès aux jouissances immédiates les ont corrompus. Ils en reveulent encore et encore! Et du dernier cri. Pensez si le patronat se régale! Avant il lui vendait le bal musette du dimanche et les oranges à nowel, maintenant c’est l’Iphone, la maison préfab et les dettes. A la redresse, collier serré, laisse courte ! y en a mille comme vous qu’attendent dehors. Le choix entre Sarko et Hollande. Les gars de la Marine, un tube de gel lubrifiant en main, préparent activement les fondements. Ça gueule, ça veut tuer le père sans s’en donner les moyens et finalement ça quémande un retrait d’article 2. Au fond, la liberté, ça les arrangerait pas tant que ça. Qu’en feraient-ils ? Les amants passionnés de la culture de soi-même sont devant TF1 et leur passion de l’immobilisme s’exprime par leur attachement à « Touche pas à mon poste » (de travail, sans doute…) A tout bientôt cher Lucm.
Pour ne pas oublier et pour se faire plaisir : https://www.youtube.com/watch?v=_1PcOsbJbLI