En un lieu, l’autre jour, où je faisais visite,
Je trouvai quelques gens, d’un très rare mérite,
Qui parlant des vrais soins d’une âme qui vit bien,
Firent tomber, sur vous, Madame, l’entretien.
Là, votre pruderie, et vos éclats de zèle,
Ne furent pas cités comme un fort bon modèle:
Cette affectation d’un grave extérieur,
Vos discours éternels de sagesse, et d’honneur,
Vos mines, et vos cris, aux ombres d’indécence,
Que d’un mot ambigu, peut avoir l’innocence;
Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous,
Et ces yeux de pitié, que vous jetez sur tous;
Vos fréquentes leçons, et vos aigres censures,
Sur des choses qui sont innocentes, et pures;
Tout cela, si je puis vous parler franchement,
Madame, fut blâmé, d’un commun sentiment.
À quoi bon, disaient-ils, cette mine modeste,
Et ce sage dehors, que dément tout le reste?
Elle est, à bien prier, exacte au dernier point,
Mais elle bat ses gens, et ne les paye point.
Dans tous les lieux dévots, elle étale un grand zèle,
Mais elle met du blanc, et veut paraître belle;
Elle fait des tableaux couvrir les nudités,
Mais elle a de l’amour pour les réalités.
Pour moi, contre chacun, je pris votre défense,
Et leur assurai fort, que c’était médisance;
Mais tous les sentiments combattirent le mien,
Et leur conclusion fut, que vous feriez bien,
De prendre moins de soin des actions des autres,
Et de vous mettre, un peu, plus en peine des vôtres.
Mèmène, moi, je sais pas vous, elle me botte. Son entièreté savamment diffractée… La ronde des amants, son amour pour Alceste qui ne l’aveugle pas ! La relecture régulière du Misanthrope est un pur bonheur ! Oui, oui, oui… Je sais… Les acteurs… Bien sûr… Mais lire ce texte magistral, le goûter, me le mettre en gorge, m’y arrêter me procure une douce jubilation… Ben quoi?
C’est, c’est, c’est, c’est l’hymen,..
C’est beau, c’est beau, c’est beau ! Le texte de molière mais aussi et surtout ce visage…
Oui, c’est beau! Ça supporte cent lectures sans jamais s’user… Pas sûr, par contre, que ce visage de Célimène, ne finisse par vous lasser. Mais puisqu’il vous plait pour l’instant je ne l’aurai pas attrapé pour rien. Merci de vos enthousiasmes Milène. Et surtout, si vous n’avez pas relu le Misanthrope (dont il me semble avoir posté dans mon précédant blog, il y a quelques années, un autre passage fameux) courrez-y vite… Philinte, Oronte, Arsinoé, qui a priori se détachent moins sur le rideau, prennent de la valeur à chaque fois qu’on les repasse. Revenez m’en dire des nouvelles… A tout bientôt.
Ben Quoi ??? OUI ! La pièce est merveilleuse et cette scène entre Célimène et Arsinoé est particulièrement délectable. Contente de rencontrer un lecteur fervent !!!
Bonne soirée.
Bienvenue Carole… Mes moments de relecture m’amènent toujours à regretter le temps passé sur les ouvrages du moment. Non qu’il n’y en ait de bons. Le problème c’est qu’il n’y en a pas d’excellents. Je veux dire qui vous alpaguent et vous chantent longtemps dans l’oreille. Ou alors je ne suis pas apte à saisir les beautés du temps. En ce moment je relis Molière et je suis convaincu que je ne saurais mieux utiliser mes insomnies. Je reviens de chez vous. Jolie page… Je repasserai vous voir. Bien à vous…
Vous prêchez une convaincue. Molière est le plus grand écrivain de tous les temps ! Il a concilié miraculeusement beauté et raffinement du style avec ce naturel propre à saisir la vie et la vérité des personnages ! Personne ne peut rivaliser avec ça
Merci pour votre accueil.
(au fait, je suis passée quartier Saint-Blaise au début de l’été, j’ai vu vos toiles saisissantes)
Oh! Grand merci d’être passée à la galerie… J’espère que vous avez pu descendre voir les dessins. Moi qui pensais que vous étiez arrivée par hasard sur ma page… Quant à Molière je ne saurais dire s’il est le plus grand (de tous les temps? mazette…) Mais les heures passées à le lire requinquent drôlement vite et bien. C’est beau, c’est alerte, c’est drôle, d’une subtilité qui réjouit et d’une profondeur qui confond… C’est la tresse de tous ces talents qui me plait. Faut-il que l’école soit mal faite pour qu’on ait hâte d’oublier ces auteurs aussitôt l’heure de la sortie sonnée ?
Ps Vos goûts de cinéma ne sont pas perdus non plus ! Quel plaisir d’avoir vu quelques unes des vidéos de votre blog…
Vous savez que je me sens assez souvent et tour à tour Antigone, Bérénice ou Célimène…que voulez-vous, j’aime les héroïnes classiques, les femmes amoureuses et les prénoms de trois syllabes.
Le misanthrope est, avec Tartuffe, ma pièce préférée de Molière.
Je comprends votre enthousiasme, cher ami, je connais moi aussi ce repli vers les classiques qui seuls savent me réjouir l’âme.
Je ne lirai pas, cette année encore, les six cents livres de la rentrée littéraire. Mais je relis l’Idiot et la Cerisaie ( je suis dans ma période russe, l’hiver approche…) et j’y trouve un bonheur sans nom.
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Eh bien non Célestine, même si ça ne me surprend pas, je ne savais pas que vous jouiez alternativement les trois personnages. Vos proches, amants, parents, bienaimés, s’y retrouvent-ils ? S’adressant à l’une, ne sont-ils pas désappointés quand ils tombent sur une autre. Quel bonheur ce doit être de vivre dans votre sillage. Vous devez être un beau remède contre l’ennui… Les femmes amoureuses qui ont le sens du tragique exigent beaucoup et ne sont guère rassurantes. C’est sans doute pour cette raison qu’on se sent vivre si fort auprès d’elles… Je reviens de votre blog et j’ai soutenu quelques instants votre regard clair. Faut-il avoir la passion du bonheur, le goût du malheur, le sens du risque et l’envie de soumettre pour s’y aventurer ? Répondez-nous vite… Nous sommes sûrement quelques-uns à attendre votre réponse… Grand merci de votre fidélité à ce blog chère Célestine…
Que vous dire ? très cher ami artiste, dont j’admire le talent, sincèrement…
J’aime bien ce que vous dites de moi. Il est clair que l’on ne s’ennuie pas avec moi, mais beaucoup s’essoufflent car je suis parfois un peu difficile à vivre du fait de ma boulimie de vivre, et de mes fluctuations d’humeur…sans parler de mon insupportable dilettantisme.
La vie n’est qu’un jeu, une tragi-comédie absurde, mais certains passages sont bien, trèsbien même et je n’ai de cesse de rechercher ces moments-là. Ils sont rares et précieux. Les êtres chers qui m’entourent ne savent pas toujours à quelle Célestine ils ont à faire. Mais peu importe. Je mourrai peut-être en Antigone après avoir vécu en Célimène, à moin que ce ne fût le contraire.
Bien à vous
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Tant pis pour les carpes essoufflées qui jonchent les talus de votre ruban de Möbius (Célimène/Antigone) pourvu qu’il passe de temps en temps par mon blog… A très bientôt Célestine…
Suis contrariée de voir que j’ai tapé Molière avec une minuscule… Mille excuses, Jean-Baptiste ! Je vais ressortir le Misanthrope des étagères, il ne doit pas être très loin ! (Il faut savoir se faire pardonner…)
Ne vous inquiétez pas Milène… Il en a sûrement vu d’autres! Et si vous vous employez à bien le lire il vous pardonnera… (Même tapé de travers il reste majuscule)… A tout bientôt.