Viens donc te plaindre toi là-bas!

Viens donc te plaindre toi là-bas ! Approche … Viens dans mon bureau, je vais t’expliquer comment tout ça fonctionne… N’aie pas peur, nigaud, je vais pas te bouffer… Viens poser tes miches dans le fauteuil en mauvais tissu qui me fait face. L’odeur de mon eau de toilette te changera de celle de tes copains puent la sueur. Te laisse pas impressionner… Mon blazer, mon brushing et ma cravate à pois ne sont là que pour le décor… Reprenons tout depuis le début… Tu sais, j’entends bien tes plaintes et tes revendications, mais, pas de bol, je ne peux pas y faire grand-chose… Prends plutôt conscience de ta position de citron, t’auras compris quelque chose… Tu nous appartiens à moitié et tu as le cul posé sur le pointu de notre presse-agrume. Pas confortable hein ? Je te comprends… C’est un peu douloureux. On ne s’y fait pas vraiment. Moi, je suis la main qui t’enfonce et te fais tourner sur toi-même. Je me régale du bon jus qui coule, qui alimente notre belle productivité, nos profits, comme tu dis… Tu piges l’image ? T’énerve pas… De l’autre côté de cette main qui t’écrase il y a un bras puissant et un corps gigantesque qui pèsent de tout leurs poids sur nous deux. Je ne suis qu’un intermédiaire.  Pas grand-chose non plus… Mon rôle est de faire semblant de t’écouter, de voir ce que je peux tirer de toi, et de te jeter si je te sens usé, faible et fragile. Tu peux râler, pester, organiser ta défense ; puisque rien ne t’appartient tu perdras toujours. Nous sommes toi et moi dans un même système qui nous échappe, qui nous surpasse, et dont la volonté est plus forte que nous… Tu n’as aucun choix. Ne pas le reconnaître revient à gratter une blessure qui suinte déjà beaucoup trop… Réfléchis à tout ça et cesse d’espérer quoi que ce soit… Accepte la réalité comme elle est, tu gagneras du temps… Voilà, je t’ai tout dit… Faut que tu te tires maintenant. On traîne, on traîne et je vais être obligé de te décompter une heure… Ce serait moche d’en arriver là… Allez, vas-y, et n’oublie pas de dire aux camarades qu’il faut tenir les cadences…

 

 


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