Une réflexion au sujet de « Un verre de Bordeaux à la main… »

  1. sylvie

    Paul Eluard", "Donner à voir"

    "Les peintres ont été victimes de leurs moyens. La plupart d’entre eux s’est misérablement bornée à reproduire le monde. Quand ils faisaient leur portrait, c’était en se regardant dans un miroir, sans songer qu’ils étaient eux-mêmes un miroir. Mais ils en enlevaient le tain, comme ils enlevaient le tain de ce miroir qu’est le monde extérieur, en le considérant comme extérieur. En copiant une pomme, ils en affaiblissaient terriblement la réalité sensible. On dit d’une bonne copie d’une pomme: "on en mangerait". Mais il ne viendrait à personne l’idée d’essayer. Pauvres natures mortes, pauvres paysages, figuartions vaines d’un monde où pourtant tout s’agrippe aux sens de l’homme, à son esprit, à son coeur. Tout ce qui importe vraiment , c’est de particicper, de bouger, de comprendre. Picasso, passant par -dessus tous les sentiments de sympathie ou d’antipathie, qui ne se différencient qu’à peine, qui ne sont pas facteurs de mouvement, de progrès, a systématiquement tenté_ et il a réussi_ de dénouer les mille complications des rapports entre la nature et l’homme, il s’est attaqué à cette réalité que l’on proclame intangible, quand elle n’est qu’arbitraire, il ne l’a pas vaincue, car elle s’est emparée de lui comme il s’est emparé d’elle. Une présence commune, indissoluble.

    L’irrationnel, après avoir erré, depuis toujours, dans des chambres noires ou éblouissantes, a fait, avec les tableaux de Picasso dérisoirement appelés cubistes, son premier pas rationnel et ce premier pas lui était enfin une raison d’être. "

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  2. chambrun

    SURPRISE !
    MERCI !
    Alors on peut dialoguer par images interposées !
    Pour ma part, c’est d’ailleurs bien parce que l’art de la parole n’est pas forcément mon fort (en tout cas à jeun) que je verse dans l’expression picturale. Cher ami, vos souhaits éventuels seront exaucés, en tout cas je promets d’essayer !

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  3. mister b

    Ne serait-ce pas là notre ami bacon? Merci pour tes commentaires sur carnet de crobard… un travail intéressant sur les tronches de l’art, ton picasso est terrible. C’est marrant parce que j’ai travaillé sur les mêmes que toi. Je vais aussi les mettre en ligne ( avec également kafka, schiele, beckett…).

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  4. soluto

    > Ah Sylvie, le texte d’Eluard est formidable… Comment pouvait-on le dire plus vite et plus justement!… et avec quelle clarté encore…  Merci de citer ce texte avec un tel à propos… Croyez-moi, il tombe à pic! Merci surtout de votre oeil, de votre bienveillance et de ces liens que vous tissez…

    > Eh oui, Chambrun, on peut aussi dialoguer par images interposées… Vous savez comme j’apprécie tout particulièrement vos paysages… Un jour prochain, sans doute, vous ferai-je une requête particulière…

    >Pour ma part, Mister b, je m’en tiens aux peintres… Les dessiner me permet d’interroger leurs regards; implacable et dominateur pour Picasso, anxieux pour Gogh,  extrémement distant pour Bacon… A moins que l’idée que l’on se fait d’eux n’induise la lecture qu’on en fait… Peu importe… Régal…

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  5. jalexis

    Oui ! le délicieux Francis !

    Distant : c’est très vrai…il était semble t il, chaleureux, bavard, et commentait merveilleusement sa pratique (lire tous ses entretiens, qui sont de smonuments d’intelligence) et justement : cette dextérité sociale et verbale était toute sa distance. Se méfier de ceux qui parlent bien de leur oeuvre : ils entourloupent: leurs commentaires font partie de leur oeuvre.

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  6. sylvie

    aahh cher Soluto, mais je sais bien qu’il tombe à pic ce texte puisque je l’ai choisi (héhé)

    Oui, troublante rapidité de la compréhension, de l’appréhension d’Eluard où chaque mot , précis, calibré, tombe lui à pic parfaitement. L’instantanéité de son analyse qui formule au millimètre près ce qui laisse un peu sans voix à l’époque….avoir du recul et savoir  le "donner à entendre" dans  l’instant…..génial !

    et vos dessins………………………………………………………………………………….

     

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  7. KA

    Belle entreprise que cette série de portraits !
    Quant aux commentaires d’Éluard, bof… Dire que « Quand ils faisaient leur portrait, c’était en se regardant dans un miroir, sans songer qu’ils étaient eux-mêmes un miroir » revient à oublier, par exemple, Rembrandt, Schiele, Chardin…

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