Ève offrait au ciel bleu la sainte nudité ;
Ève blonde admirait l’aube, sa soeur vermeille.
Chair de la femme ! argile idéale ! ô merveille !
Pénétration sublime de l’esprit
Dans le limon que l’Être ineffable pétrit !
Matière où l’âme brille à travers son suaire !
Boue où l’on voit les doigts du divin statuaire !
Fange auguste appelant le baiser et le coeur,
Si sainte, qu’on ne sait, tant l’amour est vainqueur,
Tant l’âme est vers ce lit mystérieux poussée,
Si cette volupté n’est pas une pensée,
Et qu’on ne peut, à l’heure où les sens sont en feu,
Étreindre la beauté sans croire embrasser Dieu !
Ève laissait errer ses yeux sur la nature.
Et, sous les verts palmiers à la haute stature,
Autour d’Ève, au-dessus de sa tête, l’oeillet
Semblait songer, le bleu lotus se recueillait,
Le frais myosotis se souvenait ; les roses
Cherchaient ses pieds avec leurs lèvres demi-closes ;
Un souffle fraternel sortait du lys vermeil ;
Comme si ce doux être eût été leur pareil,
Comme si de ces fleurs, ayant toutes une âme,
La plus belle s’était épanouie en femme.
Victor Hugo
Comme je les aime ces vieux poèmes. Je les rumine. Et mieux maintenant, que je n’y cherche plus rien, qu’à vingt ans. Je me reproche de n’avoir pas la mémoire de ces comédiens qui retiennent tout en deux lectures.
Car je l’emporterais bien en tout lieu pour me le réciter celui-là. La mémoire est une bretelle d’échappement aux patiences inutiles que nous impose le monde moderne. Dès que deux ou trois vers me reviennent je décroche de l’ordinaire. Grâce à vous Hugo m’a emporté. Merci Célestine.
Ève offrait au ciel bleu la sainte nudité ;
Ève blonde admirait l’aube, sa soeur vermeille.
Chair de la femme ! argile idéale ! ô merveille !
Pénétration sublime de l’esprit
Dans le limon que l’Être ineffable pétrit !
Matière où l’âme brille à travers son suaire !
Boue où l’on voit les doigts du divin statuaire !
Fange auguste appelant le baiser et le coeur,
Si sainte, qu’on ne sait, tant l’amour est vainqueur,
Tant l’âme est vers ce lit mystérieux poussée,
Si cette volupté n’est pas une pensée,
Et qu’on ne peut, à l’heure où les sens sont en feu,
Étreindre la beauté sans croire embrasser Dieu !
Ève laissait errer ses yeux sur la nature.
Et, sous les verts palmiers à la haute stature,
Autour d’Ève, au-dessus de sa tête, l’oeillet
Semblait songer, le bleu lotus se recueillait,
Le frais myosotis se souvenait ; les roses
Cherchaient ses pieds avec leurs lèvres demi-closes ;
Un souffle fraternel sortait du lys vermeil ;
Comme si ce doux être eût été leur pareil,
Comme si de ces fleurs, ayant toutes une âme,
La plus belle s’était épanouie en femme.
Victor Hugo
Comme je les aime ces vieux poèmes. Je les rumine. Et mieux maintenant, que je n’y cherche plus rien, qu’à vingt ans. Je me reproche de n’avoir pas la mémoire de ces comédiens qui retiennent tout en deux lectures.
Car je l’emporterais bien en tout lieu pour me le réciter celui-là. La mémoire est une bretelle d’échappement aux patiences inutiles que nous impose le monde moderne. Dès que deux ou trois vers me reviennent je décroche de l’ordinaire. Grâce à vous Hugo m’a emporté. Merci Célestine.