Croyez-vous vraiment que nous ayons soif d’éternité ?…

portrait soluto crayon croquis aquarelle cadavreCrayon, encre de chine et aquarelle sur papier. 15 cm x 20 cm,  2015

Croyez-vous vraiment que nous ayons soif d’éternité ? Qu’en ferions-nous ? Je crois au contraire que nous aspirons profondément à la mort, qu’elle nous travaille en profondeur, qu’il nous tarde même, à l’occasion de voir nos servitudes s’achever. Nous ne ratons jamais une belle occasion de nous pleurer par avance. Nous aimons la nostalgie, la mélancolie ne nous déplait pas. Bien sûr nous nous en défendons mais voyez notre goût pour la guerre, la médisance, le mensonge, regardez notre besoin de corrompre, d’anéantir notre prochain. On boit, on fume, on conduit vite, on se maltraite, on se précipite dans les plus pénibles aventures. Nos conduites sont ordaliques. Les plus faibles cèdent à leurs penchants, les autres luttent contre eux-mêmes et perdent toujours. Les progrès de la guerre sont plus foudroyants (au propre et au figuré) que ceux de la médecine. Il faut beaucoup de ruse pour survivre. On doit inventer des lois, s’éprendre de la beauté et distribuer ou recueillir la semence bon gré, mal gré afin de se prolonger dans une progéniture qui n’échappera pas à son lot de souffrances. Nous donnons la mort plus sûrement que nous donnons la vie. La première est toujours certaine, la seconde peine à prendre. Laisser quelques traces, quelques phrases, quelques mots bien troussés, des dessins, des photos, c’est témoigner de notre vanité… Et peut-être rien de plus… C’est encore jeter des bûches au feu pour alimenter le grand brasier qui nous anéantira tous.

Réponse au commentaire de Flora à propos du billet précédent…

10 réflexions au sujet de « Croyez-vous vraiment que nous ayons soif d’éternité ?… »

    1. soluto Auteur de l’article

      N’est-ce pas, chère Laurence… Et d’angles qui permettent un meilleur ajustement des lentilles pour voir loin je n’en connais pas (mais je me souviens que vous oui… Et grand bien vous fasse… Le meilleur pour vous, bien sûr, chère Laurence…)

      Répondre
      1. lolo

        Je viens seulement de voir votre réponse … Avant nous recevions une petite notification par mail, mais c’était dans l’ancien blog … J’ai été mal habituée …. J’ai bien fait de venir faire un tour ici … J’aime beaucoup la citation de Desproges moi aussi. Au passage j’espère que vous avez passé un bel été et je vous souhaite une bonne rentrée … Un peu (beaucoup) tardive, mais bon mieux vaut tard que jamais parait t’il …

        Répondre
        1. soluto Auteur de l’article

          C’est ici, chère Laurence, comme une poste restante. On doit venir y chercher son courrier, sa réponse… Oui, oui, je vais bien, j’ai passé un bel été. Et vos réponses, même tardives, m’enchantent parce qu’elles me disent que vous êtes revenue par ici… A tout bientôt…

          Répondre
    1. soluto Auteur de l’article

      Cher Denis, j’ai bien peur que la mort soit plutôt le signal de la fin de l’aventure… En retournant à la poussière on réintègre le néant d’où l’on vient. Évidemment, pour rendre cette perspective moins effrayante, on peut toujours s’imaginer une continuation, se raconter des fariboles, les nourrir des plus incertaines croyances… C’est l’affaire de chacun. Je me souviens de la formule de Pierre Desproges : Vient un temps où les droits de l’homme s’effacent devant ceux de l’asticot. Vous me pardonnerez de trouver qu’elle sonne plus juste que les prêches inflexibles des convaincus de l’au-delà.
      A très bientôt et au plaisir… (Et hop je file sur votre site voir vos toiles et vos pastels…)

      Répondre
  1. Célestine

    Quand je disais dans un précédent commentaire, « se torturer le bulbe » il ne fallait pas oublier (ce que vous fîtes) la seconde partie de ma phrase  » à laisser une trace posthume ».
    Mais d’une manière absolue, je suis d’accord avec vous, je crois que les gens aiment bien se torturer le bulbe tout court.Et je n’échappe pas à la règle. Les pratiques « ordaliques » (vous m’avez appris un mot, merci ) donnent du relief à la vie. Jouir de celle-ci ne signifie pas forcément se caler les fesses sur une île paradisiaque en sirotant du punch ad vitam aeternam. Quel ennui.
    Pour ma part, ce serait plutôt essayer de faire cohabiter en moi l’ombre et la lumière. Et laisser s’exprimer mon côté sombre.Et ce n’est pas une mince affaire.
    ¸¸.•*¨*• ☆
    PS j’aime beaucoup la citation de Desproges

    Répondre
    1. soluto Auteur de l’article

      Cet après-midi, Célestine, tandis que je m’abandonnais aux Pensées étranglées de l’abominable Cioran, je suis tombé sur cet aphorisme qui me semble coller avec le souci de la postérité. Comme vous aimez les citations je vous le livre : Souhaiter la gloire c’est aimer mieux mourir méprisé qu’oublié. Pour sûr… Il y a mieux à vouloir… Au plaisir Célestine…

      Répondre
      1. Célestine

        Merci pour cette réponse. Il est clair que la fréquentation de Cioran n’est pas des plus folichonnes…Mais j’aime bien, de temps en temps.
        Cela m’a valu quelques passes d’armes avec mes lecteurs…de quoi se taquiner le bulbe, quoi… ;-)
        ¸¸.•*¨*• ☆

        Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Current ye@r *